SYNOPSIS :
En Amérique du Nord, les pauvres sont, pour la plupart, des
Mexicains. Ils sont passés pendant des années par San Diego,
mais le Service d'Immigration Américain est parvenu à stopper
le flux des immigrés clandestins dans cette partie de la Californie
et à le déporter vers les régions désertiques et montagneuses
de l'Arizona. Là, ils ont cru que les difficultés, les dangers,
le froid et la chaleur les arrêteraient... |
....................................................................
|
PUNISHMENT PARK
|
 |
|
|
La Chantal Akerman documentariste,
registre dans lequel elle excelle, est de retour pour signer
De l’autre côté, le dernier documentaire d’une trilogie
qu’elle a commencée il y a dix ans. D’Est (1993),
le premier, montrait le voyage de Chantal Akerman à travers
l’Europe de l’Est. Sud (1999), le suivant, racontait
l’histoire vraie d’un jeune Noir lynché par trois Blancs
dans le Sud des Etats-Unis. Cette fois-ci, avec De l’autre
côté, elle nous emmène à la frontière du Mexique avec
les Etats-Unis et filme une nouvelle fois un monde
qui va très mal.
On connaît le courage et l’opiniâtreté de la réalisatrice
qui n’hésite pas à se mettre en danger pour obtenir ce qu’elle
veut. Pourtant, on était en droit de rester un peu sceptique
face au postulat de base de son documentaire. En effet,
pendant toute la première demie-heure, on redoute le concentré
pleurnichard et le documentaire moyennement inspiré qui
établit sa critique facile et manichéenne sur les méchants
Ricains qui martyrisent les pauvres Mexicains. A l’arrivée,
le résultat est plus complexe grâce à un traitement intelligent
et original des informations.
 |
|
|
|
Car si De l’autre côté peut
être vu comme un coup de cutter vif au portrait toujours
trop lisse de l’Oncle Sam (ce qui est exact), on se rend
compte que la démarche de la cinéaste est cependant autre.
Elle fragmente son documentaire en deux parties, se met
dans la peau de la journaliste qui enquête (en essayant
presque tout le temps d’être neutre et juste) et enregistre
sur bobine les inquiétudes de deux parties qui n’ont toujours
pas compris que la solution ne se trouvait pas dans la répression
(délétère pour les deux) mais peut-être dans le dialogue.
Ce documentaire perturbe puisqu’il sonde la peur qui envahit
progressivement deux pays qui ne savent pas comment gérer
cette situation critique. Si, d’un côté, on a la même fascination
des Mexicains pour un pays où il fait a priori bon vivre
(comme nous le montre cette scène émouvante où un des clandestins
explique pourquoi il est impératif qu’il entre dans le pays
de Bush) ; de l’autre, on a la peur des Américains qui ne
veulent pas recevoir des gens et se faire voler leur boulot
par des étrangers. Cette peur s’accroît chaque jour davantage
et se manifeste généralement par une paranoïa, renforcée
par les effets néfastes du 11 septembre 2001 et la nécessité
de tuer pour se défendre contre cette insécurité errante.
|