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Elephant (c) D.R.

FESTIVAL DE CANNES 2003
Palme d’Or
Prix de la mise en scène

ELEPHANT

de Gus Van Sant

Par Matthieu CHEREAU


SYNOPSIS : Une caméra suit les étudiants d’une high school peu avant que deux d’entre eux ne déclenchent une fusillade.

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POINT DE VUE

  Elephant (c) D.R.
Un étudiant agite méthodiquement une boîte métallique ronde dans laquelle se trouve une pellicule de film. Le son que produit la boîte fait l’effet d’un compte à rebours. Le bruit est long et pesant, si bien que l’on se prend à croire qu’il s’agit non pas d’un film en train d’être développé, mais d’une bombe à retardement. Elephant est cette bombe à retardement. Il accompagne chaque élève dans son quotidien, avec ses mots de tous les jours, ses frustrations, sa solitude. La caméra coule. Enchaînant avec aisance les travellings, elle passe d’un personnage à l’autre et participe au grand chassé-croisé. Le scénario, non linéaire, décompose l’emploi du temps des jeunes personnages et ne cesse de revenir en arrière afin de mieux rendre compte de leurs mouvements et de leurs interactions. Quelque chose se trame dans ce temps éclaté, où personne ne se voit vraiment ni ne s’écoute. Elephant, en réalité, s’intéresse aux temps morts, car c’est précisément là que se trame le désastre, là également où réside tout le tact, toute l’humilité du film. Gus Van Sant ne veut rien dire, simplement rester dans l’intimité de ces jeunes et les suivre pour tenter de comprendre. Il parvient ainsi à concilier la modestie (dans son propos) et la virtuosité (dans sa forme).

Elephant (c) D.R.
Conçu avec la précision d’une partition de musique, le scénario, comme la mise en scène, participent, par leur manière de suggérer la crise ou au contraire de souligner l’ennui (« plutôt la barbarie que l’ennui » disait Théophile Gautier), au développement implacable et lent d’un crescendo macabre. On se surprend parfois à distinguer en arrière-plan de ce crescendo le son d’une respiration. Rien pourtant n’indique qu’on se trouve en caméra subjective. Ce souffle brusque et contrarié ne serait donc autre que celui de Gus Van Sant. Dans tous les cas, ce bruit relativement mystérieux donne au film une portée de témoignage. C’est là tout ce qui compte pour le réalisateur, bien plus intéressé peut-être par le processus de l’événement lui-même que par la situation d’énonciation. Il est intéressant à cet égard que la caméra très souvent suive les personnages au lieu d’adopter leur regard : Elephant n’adapte pas la fusillade de Columbine au cinéma, il le répète.

Parce qu’il est dénué d’effets dramatisants et qu’il parvient à décrire d’une manière étonnamment simple un événement, et peut-être, à travers lui, une génération, Elephant a tout d’un chef d’œuvre : l’économie et la justesse - en un mot le brio.





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Titre
 : Elephant
Réalisateur : Gus Van Sant                  
Scénariste : Gus Van Sant                   
Acteurs : Alex Frost, John Robinson, Elias McConnell, Eric Deulen, Jordan Taylor, Carrie Finklea, Nicole George, Brittany Mountain, Alicia Miles, Kristen Hicks, Bennie Dixon, Nathan Tyson, Timothy Bottoms, Matt Malloy
Producteurs : Dany Wolf, Saul Zaentz
Producteurs exécutifs : Diane Keaton, Bill Robinson
Directeur de la photographie : Harris Savides
Ingénieur du son : Leslie Shatz
Montage son : David A. Cohen
Casting : Danny Stoltz
Costumière : Marychris Mass
Directeur artistique : Benjamin Hayden
Chef monteur : Gus Van Sant     
Durée : 1h 21mn          
Année : 2003
Pays : USA