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La Secrétaire (c) D.R. LA SECRETAIRE
SECRETARY

de Steven Shainberg
Par Romain LE VERN


SYNOPSIS : Lee Holloway n'a pas vraiment tous les atouts de son côté lorsqu'elle vient solliciter un emploi de secrétaire auprès de l'avocat E. Edward Grey. Premièrement, il n'y a que très peu de temps qu'elle a quitté l'hôpital psychiatrique où elle avait été internée. Deuxièmement, après seulement une journée passée au sein d'une famille étriquée et étouffante, elle a de nouveau succombé à son penchant pour l'automutilation.

Bien qu'elle n'ait jamais tenu d'emploi de toute son existence, Lee est tout de même embauchée par Mr Grey. Au début, son travail est banal. Mais bientôt, entre taper à la machine, faire le café et classer les dossiers, une étrange relation se noue entre Lee et M. Grey. Mais cette liaison est découverte par la famille de Lee et par Peter, son épisodique petit ami…

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VAS-Y, FAIS MOI MAL…

  La Secrétaire (c) D.R.
Bonne nouvelle pour les cinéphiles en quête de cinéma différent : La Secrétaire est un film azimuté et intrigant qui fait partie de cette catégorie d’œuvres trop rares qui démarrent normalement, bifurquent dans des directions incontrôlées et dérapent progressivement hors de nos conventions filmiques. Ce qui ne peut être que très réjouissant.

En quelques bobines, La Secrétaire raconte les relations SM entre Lee et Peter, deux personnages barges et pourtant différents, qui ne prennent leur pied qu’en se faisant du mal. Certes, on ne compte plus les films où l’on aime se blesser pour montrer qu’on est amoureux et, sur ce plan, le cinéma sud-coréen nous a d’ailleurs récemment habitué à des œuvres conséquentes où l’on autopsiait brillamment les dérives SM de personnages torturés (on pense rapidement au Fantasmes de Jang Sun-Woo mais surtout à L’île de Kim Ki-Duk).

Ici, le contexte est différent puisqu’au départ, le film démarre comme une amusante satire du monde du travail (on pense par intermittences à la drôlerie de Choses Secrètes et Stupeurs et Tremblements) et aborde en profondeur des sujets brûlants (le joug et le stress de la famille, la folie) mis en valeur par des idées formelles débridées qui séduisent l’œil et l’esprit. Mais, au moment où ils s’y attendaient le moins, nos deux amis découvrent quelque chose qui va bouleverser le train-train quotidien : les joies de la fessée. Ils sont tellement contents qu’ils en redemandent. Et leur plaisir devient le nôtre…

La Secrétaire (c) D.R.
Le film semble trouver son rythme lorsqu’il met en scène cet épisode de la fessée où la jeune femme, à la fois déconcertée et excitée, découvre enfin ce qui la fait jouir intérieurement. En donnant des claques sur les fesses et/ou en aimant les recevoir, nos deux protagonistes, jusque-là en proie à des pulsions inavouables (à l’instar de Lee qui aime beaucoup triturer sa peau), vont ressentir des choses fortes qu’ils n’avaient jamais vécues auparavant. Cela devient un rituel plutôt drôle, mais M. Grey, délicieusement ambiguë et énigmatique, continue de se prendre au jeu jusqu’à ce qu’il soit choqué par l’attitude de sa jolie secrétaire, qui semble en demander trop.