SYNOPSIS :
Neo
apprend à mieux contrôler ses dons naturels, alors même que
Zion s'apprête à tomber sous l'assaut
de l'Armée des Machines. D'ici quelques heures, 250 000 Sentinelles
programmées pour anéantir notre espèce envahiront la dernière
enclave humaine de la Terre. Mais Morpheus
galvanise les citoyens de Zion en
leur rappelant la Parole de l'Oracle : il est encore temps pour
l'Elu d'arrêter la guerre contre les Machines. Tous les espoirs
se reportent dès lors sur Neo. Au
long de sa périlleuse plongée au sein de la Matrice et de sa
propre destinée, ce dernier sera confronté à une résistance
croissante, une vérité encore plus aveuglante, un choix encore
plus douloureux que tout ce qu'il avait jamais imaginé...
Matrix
Reloaded est la séquelle du fameux Matrix
(1999), et inutile de vous dire qu’elle relève de la réussite
intégrale à la fois sur la forme et le fond. À cela, viennent
se greffer des idées folles et révolutionnaires que d’aucuns
risquent de piller dans les quelques années à venir, et surtout
une poignée de scènes d’action toutes aussi inoubliables les
unes que les autres. Loin d’être un recyclage frénétique et
gratuit du premier, ce second volet est une magnifique orgie
d’effets spéciaux transcendée par des éléments nouveaux et extrêmement
réussis. Cela donne lieu à un ensemble foisonnant et palpitant
qui ne se perd jamais dans des digressions trop nébuleuses.
C’est tout le bien qu’on lui souhaitait.
Les deux Matrix ne peuvent pas être comparés sommairement
tant ils fonctionnent sur des modes relativement différents
pour ne pas dire opposés. En cela, le dernier devrait peut-être
séduire les réfractaires, ceux qui étaient restés sceptiques
face à un premier épisode qu’ils jugeaient aussi désincarné
que fastidieux. Les Wachowski ont visiblement compris que l’émotion
manquait. Même s’il peut paraître démonstratif, le script insiste
sur les liens unissant les personnages, afin d’accentuer les
sentiments et souligner à quel point ce sont avant tout des
êtres humains. En ce sens, la scène d’amour entre Neo et Trinity,
mise en parallèle avec celle de l’orgie, a pour rôle de conférer
un soupçon d’érotisme et de chaleur. Dans le but de satisfaire
à la fois les néophytes et les aficionados, les frères-cinéastes
ont savamment distillé des ingrédients conventionnels mais propices
à plaire à tout le monde. Ne pas comprendre qu’ils versent dans
le consensus mou. Bien au contraire : s’ils concilient les genres,
les goûts, les personnages et les passions, c’est pour mieux
secouer un spectateur qui ne demande qu’à en prendre plein les
mirettes.
Pendant plus de deux heures, il n’y a
pas une once de répit. Cette fois-ci, les scènes d’action
sont situées à intervalles réguliers et nullement noyées dans
le bavardage. Ce qu’on perd en mystère, on le gagne en action.
La suite obéit à la loi de la surenchère visuelle et propose
des séquences incroyables comme celle de la poursuite sur
l’autoroute (où un homme saute carrément sur une voiture)
ou encore de l’attaque dans le parc. Elles sont toutes parfaitement
chorégraphiées et tiennent constamment en haleine. Formellement,
le résultat est éblouissant, au-delà de ce qu’on pouvait imaginer,
même en regardant les bande-annonces qui circulaient sur le
net.
Plus en profondeur, Matrix Reloaded remet en question
les principes discutables du premier volet et montre que les
choses ne sont pas préétablies et véridiques. Le personnage
de Morpheus, désabusé et discret, oublie son arrogance au
profit d’une remise en question qui laisse entrevoir un doute
profond sur les notions qu’il tente de véhiculer à son entourage.
C’était l’un des gros reproches qu’avaient faits les critiques
au premier Matrix lors de sa sortie en salles : un
fond douteux qui sous-entendait une idéologie délétère et
aurait eu, de fait, une incidence sous-jacente lors de la
fusillade de Columbine. Mais c’était oublier que le spectateur
était un être intelligent, capable de distinguer encore ce
qui est de l’ordre de la fiction et de la réalité. La tonalité
ambiante, volontairement drôle, est alors là pour nous rappeler
que tout ce que nous voyons est artificiel. Matrix Reloaded,
film policé pour autant ? Absolument pas : c’est au contraire
une œuvre foncièrement audacieuse qui séduit même jusque dans
ses excès les plus fous (quand Neo se met à voler, c’est de
la pure magie).