SYNOPSIS :
Bud Clay passe son temps dans des courses de motos. Il essaie
en vain d'oublier Daisy, l'amour de sa vie. Après sa dernière
course dans le New Hampshire, il se rend en Californie où se
déroule la prochaine course. C'est le début d'un voyage à travers
l'Amérique durant lequel il va tenter, chaque jour, de trouver
un nouvel amour. Mais il ne peut se résoudre à remplacer la
seule et unique fille qu'il ait amais aimée et qu'il aimera
à tout jamais... |
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POINT DE VUE
Produit, réalisé, scénarisé, interprété
par Vincent Gallo. La salle cannoise rit naturellement sans
arrière-pensée à ce panneau préliminaire. Le film a été mal
reçu par la majorité du public, particulièrement par la critique.
Pourtant, c’est dans le peu qu’il nous montre que Vincent
Gallo, pilote professionnel de moto, réussit à créer une atmosphère
d’attente intrigante et attirante, et conclut sur un rêve
ou un souvenir explicatif libérateur.
D’une course de moto en circuit fermé,
par ailleurs perdue, Bud (interprété par Vincent Gallo) traverse
les Etats-Unis en van de la côte est vers la Californie. En
ligne droite pendant une heure, seul , son personnage se dessine
lentement. Attiré par les femmes qu’il croise, il tente de
se laisser aller au jeu de la séduction, mais décroche pour
reprendre à nouveau la route jusque dans l’Utah, où il s’offre,
sur un lac salé, un dernier tour en moto (le plus beau plan
du film). Dans ce deuxième long-métrage Vincent Gallo expérimente
et cadre le corps de son personnage sous tous les angles au
point de le transformer en un puzzle. La redondance des situations
dans la première partie du film manifeste une volonté d’entraîner
le spectateur vers un(e) inconnu(e) qui semble presque inatteignable.
Sa tristesse apparente, sa quiétude, son long parcours en
solitaire, nous poussent au questionnement : la solitude
du compétiteur à gérer ? Un meurtre inavouable ?
Les réponses viennent plus tard dans la dernière demi-heure,
quand le rythme du film s’accélère.
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L’essai cinématographique est toujours passionnant
lorsque son auteur lui donne un caractère ancré dans une réalité.
Bud ne ment pas. Partager un secret reste difficile et même
impossible pour lui. Dans ce cadre, les dernières scènes qui
révèlent son impuissance sont dures. Il n’a pas su agir, protéger
son Yseult. Ce long parcours en van sur les routes est une
tentative de retour en arrière, pour comprendre et s’arracher
aux remords. Il est trop tard. Bud est étreint par celle qu’il
aime sans pouvoir la toucher. Adieu Daisy.
Ce travail de deuil recouvre le film d’un
voile de poésie surréaliste : un tour en moto sur un
lac de l’Utah, un blanc presque irréel, l’air troublé par
la chaleur, le bruit du moteur qui s’éloigne pour nous revenir
de face. Le ciel bleu fait corps avec le sol blanc :
est-ce le paradis ? Bud sur sa moto disparaît un instant
du champ de la caméra. Où est-il ? Avec Daisy ?
S’agit-il d’un mirage ? La beauté plastique de cette
séquence est un écho au dernier plan du film, dans lequel
apparaît un « brown bunny ».
Ces prises de risque formelles sont les
bienvenues après le formalisme et le manque d’imagination
de certains films présentés à Cannes quelques jours auparavant :
Swimming pool de François Ozon et Carandiru
de Hector Babenco, sans parler d’Il cuore altrove de
Pupi Avati. En d’autres lieux, il y a plus de trente ans,
Paul Morrissey présentait Flesh. La scène de sexe explicite
dans The brown bunny est-elle un hommage ?
Cette année, dans sa section « films
restaurés », le Festival de Cannes projetait L’épouvantail
de Jerry Schatzberg, Palme d’or 1973. Dommage que le jury
l’ait oublié, car il y a du Schatzberg dans la mise en scène
de Gallo.
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Titre : The brown
bunny
Réalisateur et scénariste :
Vincent Gallo
Acteurs : Acteurs : Vincent Gallo,
Chloë Sevigny
Producteur : Vincent
Gallo
Production : Production :
Kinétique Inc.
Compositeur : John
Frusciante
Dialoguiste : Vincent
Gallo
Directeur de la photographie
: Vincent Gallo, Toshi Ozawa
Ingénieur du son :
Rick Ash
Durée : 2h
Année : 2003
Pays : France, USA
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