SYNOPSIS:
Noi, 17 ans, vit dans un fjord aux confins de l’Islande. En
hiver, le village est coupé du monde extérieur, cerné par des
montagnes grandioses et menaçantes. Noi est un désœuvré, il
sèche les cours, passe son temps dans les bars et dans sa petite
cave. Il ne sait pas trop ce qu’il veut sinon qu’il doit partir,
échapper à cette vie à laquelle il semble condamné.
Premier long-métrage de Dagur Kari, Noi
albinoi est un film beau et dépouillé qui touche sans rien
dire, et montre sans raconter.
C’est un son qui traverse l’espace comme une rumeur, quelque
chose de doux et silencieux, qui passe discrètement sous nos
yeux. Les guitares éthérées chantent et se taisent, comme pour
mieux faire parler un paysage qui cache son jeu. La musique
plane d’emblée au-dessus de ce film comme un heureux présage,
non pas comme dans la plupart des films, pour servir de commentaire
mais pour nous convier à la contemplation. Elle a les intonations,
la texture des mélodies que Neil Young avait mis dans Dead
Man et parle comme ce dernier d’histoire (ici celle des
Indiens et des cow-boys, là celle d’une île) et de géographie
(le rythme est une forme d’espace). La musique originale est
un post-rock teinté de folk (on note parfois en arrière plan
des instruments de musique traditionnelle islandaise) qui évoque
une nostalgie discrète et vaporeuse (l’influence de Mogwai et
de Sigur Ros n’est pas loin). Les chants qui jalonnent l’histoire
renchérissent quant à eux du côté des 60’s, sillonnent entre
la country et les crooners (on relève une scène directement
sortie de Blue Velvet). L’imaginaire des grands espaces
américains rejoint celui des espaces islandais, petit luxe d’un
réalisateur qui est autant cinéphile que musicien (Dagur Kari
à lui-même composé et interprété la musique du film). On songe
d’ailleurs à Kaurismaki, autre grand amateur de rock’n folk
américain, qui ne dédaigne pas lui non plus de confondre les
genres.
La couleur est, avec la musique, le second
attribut déterminant du film. Le bleu-blanc-gris (la couleur
elle-même est indécise) nous ramène comme les mélodies à une
douceur nostalgique et muette, tel un filtre qu’on aurait appliqué
au paysage pour le rendre plus poétique. Les montagnes, la mer
occupent ici autant de place que dans le dernier film de Kormakur,
The Sea, mais elles ne sont pas abordées de la même manière.
Certes pour chacun des réalisateurs, le paysage est davantage
un acteur qu’un décor, mais il est sublime et muet dans Noi
Albinoi, tandis qu’il est grandiose et dangereux dans The
Sea (le titre est suffisamment éloquent).
Il suffit d’observer cette scène où Noi, le protagoniste de
Noi Albinoi, jette des pierres dans l’immensité de la mer sans
que rien ne raisonne ni ne soit troublé, pour comprendre que
cet acteur qu’est le paysage n’a pas de parti, qu’il est dans
le même temps bienveillant et neutre. Les hommes s’y reconnaissent
sans qu’il leur renvoie pour autant leur reflet. Placer l’acteur
(et le spectateur) dans la position de devoir converser avec
ce qui ne répond pas, c’est l’un des plus beaux paris de ce
film.
Titre : Noi albinoi Réalisateur et scénariste
: Dagur Kari Acteurs : Tomas Lemarquis,
Elin Hansdottir, Thröstur Leo Gunnarsson,
Anna Fridriksdottir, Hjalti Rögnvaldsson Image : Rasmus Videbaek Son : Pétur Einarsson Montage : Danel Dencik Musique : Slowblow Décors : Jon Steinar
Ragnarsson Costumes : Linda B.
Arnadottir et tanja dehmel Coiffure et maquillage :
Frida Metusalemsdottir Producteurs exécutifs :
Lene Ingemann, Tiva Magnusson, Susanne Marian,
Prof. Dr. Klaus Keil, Thorfinnur Omarsson, Lucas
Schmidt-Ospach, Paul Trijbits, Vinca Wiedmann Producteurs : Phillipe
Bober, Kim Magnusson, Skuli fr. Malmquist, Thorir
Snaer Sigurjonsson Co-producteurs : Sol
gatti-Pascual Film: danois, allemand,
islandais Pays : Danemark, Allemagne,
Islande Date de sortie : 09
Juillet 2003 Durée : 1h 33mn Année : 2002