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Twentynine Palms (c) D.R. TWENTYNINE PALMS
de Bruno Dumont
Par Frank CARANETTI


SYNOPSIS : Un photographe accompagné de la jeune femme qu’il aime traverse le désert californien. Le couple, qui s’aime ou se déchire, va vivre là dans la monotonie complète jusqu’à ce que le destin les rattrape de façon terrifiante.

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POINT DE VUE

  Twentynine Palms (c) D.R.

Un homme (David Wissak) et une femme (Katia Golubeva) parcourent l’Amérique en voiture sans rien voir ou presque du pays, si ce n’est la route et ses alentours, avec ses restaurants en terrasse, ses stations à essence ou ses paysages typiques. Ils ne s’écartent pour ainsi dire jamais du chemin qui doit les amener à Twentynine Palms , dans le désert californien. On est d’autant plus loin de l’authentique “road movie” américain qui voudrait que la route soit une métaphore de la transformation ou du voyage initiatique. Aucune aventure, aucune rencontre ne vient réveiller la monotonie de leur périple, si ce n’est cet événement final - que nous ne dévoilerons pas ici.

Comme d’habitude chez le cinéaste, le paysage tient un rôle parfaitement ambivalent. D’une part, il sert à ancrer le spectateur dans un univers familier, ici le désert californien connu par le western depuis Vidor ou Ford, mais qui pourra aussi bien rappeler le Duel de Steven Spielberg (1971), auquel le film se réfère clairement ; d’autre part le paysage américain, démesuré et entièrement dénué de vie, permet de jouer sur un sentiment diffus de vulnérabilité, et d’angoisse.

Twentynine Palms (c) D.R.

L’Amérique de Bruno Dumont est un monde dénué de toute humanité. Les hommes et les femmes que les deux amoureux rencontrent n’entrent dans le champ de la caméra que comme des personnages secondaires, simples prétextes à la poursuite de l’action. Leur incidence sur le déroulement du scénario est négligeable. Quant au couple - la femme est russe, l’homme américain -, ses dialogues délibérément anodins sont très souvent rendus inintelligibles pour le spectateur. Car seul le geste a son importance dans Twentynine Palms, sa répétition jusqu’à l’absurde, qui caractérise une existence presque entièrement privée de sens. Les scènes d’amour ou de disputes sont ainsi répétées jusqu’à l’épuisement, tandis que toute situation, aussi banale soit-elle, est rapidement sujette au sentiment d’altérité, et d’étrange.