SYNOPSIS :
Un photographe accompagné de la jeune femme qu’il aime traverse
le désert californien. Le couple, qui s’aime ou se déchire,
va vivre là dans la monotonie complète jusqu’à ce que le destin
les rattrape de façon terrifiante. |
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POINT DE VUE
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Un homme (David Wissak) et une femme (Katia
Golubeva) parcourent l’Amérique en voiture sans rien voir
ou presque du pays, si ce n’est la route et ses alentours,
avec ses restaurants en terrasse, ses stations à essence ou
ses paysages typiques. Ils ne s’écartent pour ainsi dire jamais
du chemin qui doit les amener à Twentynine Palms ,
dans le désert californien. On est d’autant plus loin de l’authentique
“road movie” américain qui voudrait que la route
soit une métaphore de la transformation ou du voyage initiatique.
Aucune aventure, aucune rencontre ne vient réveiller la monotonie
de leur périple, si ce n’est cet événement final - que nous
ne dévoilerons pas ici.
Comme d’habitude chez le cinéaste, le paysage tient un rôle
parfaitement ambivalent. D’une part, il sert à ancrer le spectateur
dans un univers familier, ici le désert californien connu
par le western depuis Vidor ou Ford, mais qui pourra aussi
bien rappeler le Duel de Steven Spielberg (1971),
auquel le film se réfère clairement ; d’autre part le paysage
américain, démesuré et entièrement dénué de vie, permet de
jouer sur un sentiment diffus de vulnérabilité, et d’angoisse.
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L’Amérique de Bruno Dumont est un monde
dénué de toute humanité. Les hommes et les femmes que les
deux amoureux rencontrent n’entrent dans le champ de la caméra
que comme des personnages secondaires, simples prétextes à
la poursuite de l’action. Leur incidence sur le déroulement
du scénario est négligeable. Quant au couple - la femme est
russe, l’homme américain -, ses dialogues délibérément anodins
sont très souvent rendus inintelligibles pour le spectateur.
Car seul le geste a son importance dans Twentynine Palms,
sa répétition jusqu’à l’absurde, qui caractérise une existence
presque entièrement privée de sens. Les scènes d’amour ou
de disputes sont ainsi répétées jusqu’à l’épuisement, tandis
que toute situation, aussi banale soit-elle, est rapidement
sujette au sentiment d’altérité, et d’étrange.
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