Le romantisme est un thème difficile à aborder au cinéma sans tomber dans les clichés. Pour couper court à ce problème, Claude Miller choisit avec La Petite Lili, de les embrasser à bras le corps.

Quoi de plus « casse-gueule » qu’un film assez prétentieux pour parler de la difficulté des compromis entre l’artistique et le financier au cinéma, de l’arrivisme chez les comédiens, de l’intégrité des auteurs tout en gardant une approche résolument humaniste ? Miller semble s’en moquer et, récusant toutes les critiques qui pourraient lui être adressé, et desquelles il n’a d’ailleurs pas été épargné au dernier festival de Cannes, il livre un film totalement sincère, juste et authentique, porté par un vrai souffle lyrique.

Sa conception du romantisme n’est pas naïve, elle est réfléchie et adulte. A travers le personnage interprété par Robinson Stévenin, qui symbolise la « pureté » artistique avec tout ce qu’elle a de naïve et de prétentieuse, et celui de Bernard Giraudeau, le réalisateur « chevronné » qui ne s’occupe plus de savoir s’il fait des bons films ou pas, il parvient à poser bon nombre de questions sur la « position » des cinéastes et leur véritable intégrité. C’est tout le cinéma français qu’il interroge, lui y compris.

Quelque part, on sent le tourment et la difficulté qu’il a à se positionner dans un système, prisonnier des codes établis, mais désireux de proposer autre chose, comme il a pu le faire avec La Chambre des magiciennes .