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Narc (c) D.R. NARC
de Joe Carnahan
Par Magali HAMARD


SYNOPSIS : Infiltré dans un réseau de trafiquants de drogue, l’inspecteur Nick Tellis a fini par plonger. Mis au placard après une bavure, l’ancien toxico est finalement réintégré aux stups de Détroit. Sa mission : retrouver l’assassin de Michael Calvess, un policier tué en service. Ses supérieurs lui demandent de travailler avec l’ex-équipier de la victime le lieutenant Henry Oak. Au fil de l’enquête qui les entraîne dans les bas-fonds de la ville, Nick se demande si Oak lui dit bien tout ce qu’il sait…

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POLAR POLAIRE

  Narc (c) D.R.

A l’évidence, en matière de polars glacés et sans concessions, Joe Carnahan connaît ses classiques. Narc, son deuxième long-métrage, n’a rien d’un buddy movie façon Arme fatale, mais lorgne davantage vers les bons crus des années soixante-dix, French Connection et consorts. Les premières scènes avec Jason Patric-Nick Teillis, à la moustache et au look Serpico, sont d’ailleurs à s’y méprendre..

En toute logique, on a donc ici plutôt affaire à des anti-héros, plongés dans un Détroit interlope sinistre, avec problèmes familiaux et existentiels. Des personnages en marge, rongés par le remords et aux méthodes à la limite de la légalité. Ici la castagne, et notamment les fusillades avec hémoglobine et sons amplifiés, n’a rien de « ludique » et renvoie à la violence des tourments des personnages. La quasi-totalité du film est d’ailleurs filmée caméra au point, ce qui renforce sa nervosité et sa brutalité.

Dans le même esprit, Joe Carnahan, qui a également signé le scénario, réussit à disséquer, de manière réaliste, les rouages et le quotidien de la  police avec administration et chefs pesants, tournée fastidieuse des indics, traitée en split-screens, pour retrouver un suspect, planques interminables dans une voiture.

Narc (c) D.R.

Il retrouve cette justesse de ton dans les scènes de « famille » tendres et émouvantes, des pauses bienvenues mais fugaces face à toute cette fureur. Nick est aimé de sa femme, mais devant son obstination à mener l’enquête, la séparation est inéluctable : cette scène, où par un effet de miroirs, les regards ne se croisent jamais, résume l’incompréhension qui s’est installée entre eux… Un de ces plans où éclate un style original et inventif.

Côté réalisme toujours, le film, baigné d’une lumière froide d’hiver, doit également beaucoup au talent du chef opérateur Alex Nepomniaschy, récompensé pour Safe de Todd Haynes. En contrepoint et comme pour accentuer l’âpreté du film, les « flashs », qu’ils soient souvenirs ou éléments d’explication de l’histoire, prennent des couleurs dé saturées. Un élément qui aura son importance dans un final amer et haletant où, pour mieux cacher la vérité, se télescopent les différentes versions sur le meurtre de Calvess…

Ces partis pris visuels, un peu tape-à-l’œil diront certains, permettent de se repérer dans un scénario à tiroirs, un brin confus. Le film, qui avance au rythme des découvertes de Nick et ne met jamais le spectateur dans la connivence, a néanmoins le mérite de maintenir un suspens qui n’a rien d’artificiel.