SYNOPSIS :
La vie de l'artiste new-yorkais d'après-guerre Jackson Pollock,
qui s'est fait connaître du grand public par sa peinture abstraite.
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SA VIE, SON OEUVRE…
Peu de temps avant Julie Taymor et Salma
Hayek qui se sont attaquées à la biographie de Frida Kahlo,
Ed Harris s’est intéressé, lui, à la vie de Jackson Pollock,
un peintre exceptionnel et novateur dont le style avant-gardiste
a influencé l’art moderne. Le couple formé par l’artiste et
Lee Krasner, sa femme qui a passé sa vie à promouvoir son
oeuvre, est le cœur du film.
En ce qui concerne le résultat, Ed Harris s’est investi corps
et âme dans ce projet, peut-être même un peu trop. A la fois
réalisateur, producteur et acteur, l’homme aux multiples casquettes
a mûri ce film pendant près de dix ans. Il a tout fait pour
se fondre dans ce personnage, même à se mettre lui-même à
la peinture. On peut se demander si l’acteur n’essaie pas
de performer un rôle devant sa caméra, mais il habite
son personnage avec une telle conviction et une telle absence
de prétention qu’on en oublie très vite qu’il s’agit d’Ed
Harris.
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Pollock ne s’intéresse pas uniquement
aux éléments de la dramaturgie et rend fidèlement hommage
à l’artiste et à ses oeuvres. Réflexion sur l’art et la folie
créatrice qui vous empêchent de nouer des liens «normaux»
avec les gens (un peu comme Virginia Wolf récemment dans The
Hours), le film brosse tout en nuances le portrait d’un
homme rongé par le mal-être et l’alcool. Mais cette rage intérieure
est ce qui nourrit l’artiste : s’il n’est pas en conflit avec
le monde, alors il ne possède plus de force créatrice, ni
de folie exacerbée. Et cela lui est vital. Tout cela sert
son oeuvre mais dessert sa vie personnelle. Et le film montre
avec acuité cette ambivalence, de même que ce basculement
mental qui fait qu’on ne sait pas si Pollock va bien ou mal.
Il se contente d’être. Pour illustrer la folie de son personnage
autiste et absorbé par son art, on aurait cependant aimé que
Ed Harris soit moins sage et plus inspiré dans la mise en
scène. Les problèmes formels sont tels qu’ils empêchent de
transcender la dimension strictement «didactique» de son sujet.
Faute d’être plus ambitieux, Pollock reste un «film
d’acteur» instructif mais qui se révèle extrêmement pauvre
visuellement. Entre les problèmes de profondeurs de champs
et le classicisme extrême d’une mise en scène plate appliquant
gentiment la loi de l’angle à 180°, il n’y a aucune recherche
esthétique, pas d’inventions formelles qui auraient pu contribuer
à donner du souffle à cette histoire. L’intérêt pour le film
s’en ressent. Après un début lent, le film se met progressivement
à démarrer avant de retomber aussitôt dans un second tiers
laborieux, en dépit de l’apparition radieuse de Jennifer Connelly,
une nouvelle fois amoureusement filmée. Pourvue de réelles
maladresses et d’enjeux dramatiques flous, cette fiction nous
en apprend beaucoup sur le personnage et les relations difficiles
qu’il entretenait avec son entourage et même avec son image.
Dommage qu’une si belle performance d’acteur et un portrait
aussi foisonnant débouchent sur un film d’un académisme si
rédhibitoire...
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Titre :
Pollock
Réalisateur :
Ed Harris
Scénariste :
Barbara Turner, Susan J. Emshwiller
D'après le livre de :
Steven Naifeh, Gregory White Smith
Acteurs : Ed Harris
, Marcia Gay Harden , Amy Madigan
, Jennifer Connelly
Photo : Lisa Rinzler
Musique : Jeff Beal
Production : Brant-Allen,
Zeke Productions, Fred Berner Films
Distribution : Columbia
TriStar Films
Sortie le : 10 septembre
2003
Durée : 2h 03 min
Année : 2000
Pays : Etats-Unis
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