SYNOPSIS :
Une étrange enquête n’efface pas les regrets de Michèle Varin,
une femme flic endeuillée. Tous les quatre ans, le passé la
rattrape. Tous les quatre ans, cette femme-là a très peur. Peur
à en mourir. Car dans ses rêves commence la réalité… |
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LE FILM DE TOUTES LES
SURPRISES
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On attendait beaucoup du
nouveau film de Guillaume Nicloux. Sans doute parce que Une
Affaire privée, son précédent long, un polar d’exception
malheureusement passé inaperçu l’an dernier, nous avait laissé
un souvenir marquant par son atmosphère bizarre, sa galerie
de personnages déjantés, son introduction saisissante, son
dénouement surprenant… Avec Cette femme-là, le cinéaste
transcende l’attente et construit un superbe édifice dans
lequel se côtoient le tragique et le grotesque, l’humour et
l’angoisse, le drame et la poésie.
Dans Une Affaire privée, on suivait la ténébreuse enquête
d’un détective privé (Thierry Lhermitte) à la recherche d’une
disparue. Au bout du parcours, il finissait par se perdre
et se faire avoir alors que l’évidence était sous ses yeux.
Dans Cette Femme-là, Nicloux reprend le même schéma,
la même tonalité absurde et angoissante, le même style d’enquête
barrée et le même genre de protagoniste. Au détective je-m’en-foutiste
qui alignait clopes sur clopes succède une femme-flic, véritable
paradoxe ambulant, à la fois forte et fragile, inflexible
et sensible que l’on sent au bord de la crise et de la dépression.
Attristée depuis la mort de son fils, elle est engluée dans
une mélancolie qui contamine le film.
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Les points communs entre
les deux films sont tels que les personnages principaux vont
même finir par se croiser dans un hôpital, lors d’une séquence
clin d’œil, où Maniéri (Thierry Lhermitte, venu faire un cameo
hilarant, comme Darroussin dans la boîte échangiste) raconte
qu’il sort d’une enquête terrible (celle d’Une Affaire
Privée). Ce qui est sûr, c’est qu’il ne risque plus de
revoir de sitôt la vénéneuse Marion Cotillard dont la sensualité
irradiait l’écran et troublait le spectateur. Cet exemple
d’allusion est plaisant parce qu’on se dit qu’on sera sans
doute amené à retrouver des personnages de Cette Femme-là
dans les prochains films du cinéaste, comme si tous formaient
une grande famille qui n’a de cesse de s’agrandir.
L’intrigue, fouillée et ambiguë, fonctionne en parfaite adéquation
avec une atmosphère torve, inquiétante, sournoise, dans laquelle
le personnage principal doit se repérer. Elle fait la rencontre
d’une multitude de personnages dont les buts sont indécis.
Parfois, ils viennent éclaircir certains points et font avancer
l’enquête ; d’autres fois, ils servent juste à brouiller les
pistes et à semer de faux indices. Dans tous les cas, ce sont
des suspects adéquats qui en savent toujours trop sur la question.
La musique d’Eric Demarsan, compositeur désormais attitré
du cinéaste, possède toujours la même puissance hypnotique
même si l’auteur reprend quelques morceaux déjà présents sur
Une Affaire privée.
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