SYNOPSIS :
A peine sorti de prison, Jong-Du, un délinquant récidiviste,
se retrouve à nouveau au poste de police pour ne pas avoir payé
une note de restaurant. Sa famille paie sa caution et le ramène
à la maison. Il est bientôt embauché et logé par son frère aîné
Jong-Il, qui tient un garage. Jong-Du a été incarcéré à la place
de Jong-Il qui, en état d'ébriété, a écrasé un homme et pris
la fuite. Voulant rendre visite à la famille du balayeur victime
de l'accident pour lequel il a été arrêté, Jong-Du aperçoit
la fille de ce dernier, Gong-Ju, qui souffre d'un grave handicap
moteur. Bien que paralysée cérébrale, celle-ci est abandonnée
par son frère, qui déménage en la laissant seule dans un modeste
appartement, sous la surveillance de voisins. Fasciné par la
jeune handicapée, Jong-Du lui rend visite en cachette... |
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ELLE ET LUI CONTRE LE
RESTE DU MONDE
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Si le scénario de Oasis peut sembler
incertain de ses intentions, c’est sans doute parce qu’il
multiplie les hypothèses, joue sur les ellipses, glisse d’un
terrain à l’autre sans jamais en élire un. Dans le fond, il
suffit de prendre le film pour ce qu’il est, à savoir une
histoire d’amour folle, démesurée, rédemptrice, impossible
et simplement belle. Un sujet pareil peut faire très peur,
mais le cinéaste a tout fait pour éviter les pièges qui lui
tombaient sous le nez : refus de la dramatisation outrancière,
absence de bons sentiments geignards, décapitation du démon
larmoyant… Et pourtant, malgré un épurement absolu des scories
qui font si souvent défaut aux mélos trop complaisants et
tire larmes, le film émeut doublement par la force qu’il dégage.
Sur un régime de plus de deux heures, le film se tient droit,
ne faillit pas, et ne laisse place à aucune sensiblerie, à
aucun voyeurisme.
De manière régulière, il y a une lutte incessante et implicite
entre la légèreté et la douleur, l’onirisme et la réalité
qui donne au film un rythme soutenu. Chaque scène est construite
sur de discrets retournements : un mot ou un regard viennent
toujours contredire l’apparente légèreté des situations, comme
lors de cette séquence à la fois glaçante et hilarante où
Jong-Du amène Gong-Ju à un anniversaire de famille.
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Cette histoire d’amour entre un homme légèrement
attardé mental et une femme handicapée physique sert à introduire
les thèmes de la différence et de la difficulté de son acceptation
(cf. toutes les scènes au restaurant). Ce sujet n’est pas
nouveau. Il suffit de revoir l’intemporalité d’un Freaks
(32) de Tod Browning pour s’en convaincre. Ici, les deux amants
secrets vont être soumis au regard critique d’un entourage
« normal », englué dans les préjugés et un cynisme dévastateur.
Malgré leurs handicaps respectifs, les deux personnages vont
trouver une alternative à ce monde qui les déconsidère et
pense inconcevable que des gens anormaux éprouvent des sentiments.
On les renverrait bien volontiers sur la séquence des sœurs
siamoises dans Freaks où, lorsque l’une d’elles se
faisait embrasser par son fiancé, l’autre ressentait la même
sensation de plaisir.
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