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Zatoichi (c) D.R. ZATOICHI
de Takeshi Kitano
Par Romain LE VERN


SYNOPSIS : Au Japon, au XIXe siècle, Zatoichi est un voyageur aveugle gagnant sa vie comme joueur professionnel et masseur. Mais derrière son humble apparence, il est un redoutable combattant, rapide comme l'éclair et dont les coups s'avèrent d'une stupéfiante précision. Alors qu'il traverse la montagne, il découvre une petite ville entièrement sous la coupe d'un gang. Son chef, Ginzo, se débarrasse de tous ceux qui osent se dresser sur son chemin, d'autant plus efficacement qu'il a engagé un redoutable samouraï ronin, Hattori. Dans un tripot, Zatoichi rencontre deux geishas aussi dangereuses que belles. Okinu et sa sœur Osei vont de ville en ville à la recherche du meurtrier de leurs parents. Elles possèdent pour seul indice un nom mystérieux : Kuchinawa. Dès que les hommes de main de Ginzo croisent Zatoichi, l'affrontement est inévitable et sa légendaire canne-épée rentre en action. Alors Kill ou killera pas Bill ?

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LES DEMONS A MA PORTE

  Zatoichi (c) D.R.

Troquant ses lunettes noires pour le blond-peroxydé, "Beat" Takeshi Kitano incarne une nouvelle fois le héros de son propre film. Cette fois-ci, ce n’est pas un yakusa en quête de rédemption mais Zatoichi, une figure nippone populaire devenue mythique qui a fait l’objet d’une vingtaine de films avec Shintaro Katsu, dont les titres facétieux (Zatoichi versus Yojimbo; Zatoichi versus The one Armed Swordman…) parlent d’eux-mêmes. Au pays du soleil levant, le succès fut tel qu’une série télévisée anima le quotidien cathodique des Japonais dans les années 60. Dans l’Hexagone, ce phénomène n’a pas connu les mêmes répercussions. A l’exception de quelques initiés qui ne nous épargneront pas l’analyse critique pointilleuse, les autres, c’est-à-dire à-peu-près tout le monde, risquent fort de passer à côté des comparaisons hasardeuses pour se concentrer sur le principal: Takeshi Kitano. Et si on prend ce parti-pris, cela en devient une évidence : Zatoichi est le film le plus incroyable que l’on ait vu cette année. Peut-être parce que Kitano est ici au sommet de son art et n’a pas signé d’œuvres aussi percutantes depuis Hana Bi.

Ayant au préalable refusé la demande de Chieko Sato, l’un de ses principaux mentors, qui voulait qu’il reprenne ce personnage qui avait tant marqué les esprits, Kitano a finalement accepté en exigeant cependant d’avoir les coudées franches et de pouvoir ajouter des éléments à la fois personnels et excentriques, quitte à utiliser des moyens outranciers et ostentatoires (les apparences, la reconstitution des décors, les coiffures). Ce personnage de masseur aveugle est impossible à tromper puisque ces autres sens sont très développés (ouie, odorat, toucher…). Cela lui permet de cerner avec plus de perspicacité les gens qui l’entourent et ainsi de faire le tri entre les bons et les méchants, les sincères et les hypocrites. Il est le réceptacle d’une société qui juge essentiellement sur les apparences.