Dans
ce film, l’auteur des Leçons de ténèbres s’affirme
à la fois comme artiste et Professeur. Artiste pour la simple
raison qu’en interrogeant les différents degrés de sa perception,
en déambulant légèrement d’une représentation à une autre,
d’un mot dit à un mot éprouvé, il jouit de ce qui, avant lui,
existait et dont il est aujourd’hui non seulement un destinataire,
mais également le dépositaire. Il s’endure et se cherche à
tâtons du côté de la réception, expérimente et interroge du
côté de la création. Professeur, il tire partie de cette mise
en œuvre du regard, se prend lui-même comme champ de
recherche et de fascination, comme si par son travail il attestait
d’une forme d’humanisme qui allie à la nécessité du sens le
désir de bonheur. Il se met en jeu, s’offre à la manière d’un
enfant à ces choses qui lui parlent et accepte dans le même
mouvement de se nier et de se retrouver.
Le
problème de la transmission de l’expérience esthétique a une
histoire ancienne. Certains, pour la définir, et peut-être
la conserver intacte, refusent de la faire parler, de lui
donner a posteriori un sens, une portée. D’autres, à l’instar
de Benjamin, estiment au contraire qu’il est nécessaire, pour
transmettre l’expérience, d’en parler, d’y déceler un sens
susceptible d’être repris par d’autres. Posé par l’artiste,
le problème de la transmission n’en n’est plus vraiment un
car aux mots et au sens, ce dernier substitue la preuve que
l’expérience - notamment du côté de la réception - demeure
totalement possible quand bien même elle serait menacée. L’expérience
de l’art est possible et souhaitable, car l’art n’est pas
l’art tel que le plus grand nombre ou même l’institution l’entend,
il est le monde - un rapport au monde et un rapport à soi,
immergé dans le monde. Mon voyage d’hiver sonne ce
rappel avec une grande justesse et une étonnante intensité.
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Titre : Mon
voyage d’hiver
Ecrit et réalisé par :
Vincent Dieutre
Produit par : Emmanuel
Giraud
Avec : Itvan
Kebadian,Vincent Dieutre, Jorg Neitzert, Walter
Muller, Hubert Geiger, Andreas Staier (pianoforte),
Christoph Pregardien (tenor), Daniel Sepec (violon),
Jean-Guihen Queyras (violoncelle)
Image :
Benoît Chamaillard, Jean-Marie Boulet
Son : Patric
Chiha
Montage :
Dominique Auvray
Montage son :
Marie tisserand
Mixage :
Nathalie Vidal, Bernard
Gabus
Producteurs :
Emmanuel Giraud, Kathleen
de Béthune
Productrice exécutive :
Catherine Hannoun
Directeur de production :
François Drouot
Une co-production :
Les films de la croisade,
Films sans frontières Production, Simple production,
Carré noir RTBF liège, Tag/Traum
Avec le soutien du :
CNC, d’eurimages, de
l’ACID et du GNCR
Sortie : 19
Novembre 2003
Durée : 1h
44mn
Pays : France
Année :
2003
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