Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
21 Grammes (c) D.R. 21 GRAMMES
d'Alejandro González Iñárritu
Par Julien DUFOUR


SYNOPSIS : Paul est gravement malade et attend une transplantation cardiaque d’urgence sans quoi il risque de mourir. Cristina vient de perdre son mari et ses deux filles dans un tragique accident de voiture. Jack est un ex-taulard qui s’est réfugié dans la religion pour ne pas replonger dans la délinquance. Ces trois existences vont se retrouver au carrefour des hasards de la vie.

....................................................................

POINT DE VUE

  21 Grammes (c) D.R.

Avec Amours Chiennes, Alejandro González Iñárritu avait frappé un grand coup. Son premier long-métrage témoignait d’une grande audace formelle et scénaristique. Avec 21 Grammes, le metteur en scène mexicain réitère l’expérience d’Amours Chiennes, mais en allant encore plus loin dans le processus. Iñárritu ne change pas de sujet, son regard reste braqué sur les hommes et les relations qu’ils entretiennent entre eux, toujours aussi violentes, passionnées et complexes. Caméra à l’épaule, image granuleuse, le spectateur est au plus près des personnages. Iñárritu, tel un couteau disséquant sa proie, dépèce la réalité, les lieux et les corps pour atteindre la brutalité que recèle le monde, la part de vérité qu’il cache. Par moments la caméra s’arrête sur les personnages, filme les peaux, tels des lambeaux de chairs meurtris par la vie, comme pour sonder les tourments confinés au plus profond d’eux-mêmes.

Pour autant le film ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Foi, rédemption, alcoolisme, grave maladie sont autant de paramètres propices à une surcharge de pathos et de complaisance. Mais très vite le doute est dissipé, la structure narrative complètement éclatée du film (dans un style faulknerien) permettant au cinéaste ne pas user des vieilles ficelles mélodramatiques. Dans ce maelström, où passé et présent se confondent, chaque séquence possède sa propre existence. Ainsi la séquence précédente n’a la plupart du temps aucun rapport avec la suivante qui elle-même n’aura guère de lien avec celle qui la suivra. Finalement ce dispositif narratif reflète avant tout le désordre intérieur auquel sont soumis les personnages, l’incompréhension à laquelle ils sont confrontés, les terribles coups du sort par lesquels ils sont frappés. On pense souvent d’ailleurs au cinéma de Kieslowski dont les films avaient pour figures principales hasards et coïncidences de la vie, angoisse du monde et perte de soi.