SYNOPSIS:
Laura vient d'avoir 18 ans. Pour éprouver cette majorité qui
n'a pas de constance pour elle, elle décide d'aider des pauvres
via une association. Elle s'apercevra que son rêve est différent
de la réalité, mais elle apprendra que « aider » demande
du temps, de l'humilité et le sens du travail en équipe. Avec
La Galette des rois, Irène Sohm, sur le mode humoristique
montre sans misérabilisme l'expérience délicate d'une jeune
fille qui s'engage dans une association caritative.
La Galette des rois joue
volontiers sur le mode de l’ironie, à la fois sur ses personnages
principaux, quatre jeunes filles de banlieue au sortir de l’adolescence,
et sur les présupposés du spectateur. Avec comme idée motrice
de ne pas se fier aux apparences : un plan du film identique
est répété deux fois, au début et à la fin, sauf que notre avis
change en cour de route sur le personnage principal. Si le comportement
de Laura est le même à la maison (s’affaler sur le sofa, ne
pas aider sa mère aux taches ménagères) tout comme ses mauvaises
habitudes (de ne pas ranger le fer à repasser) quelque chose
de ténu et de grave en même temps s’est passé dans sa vie :
elle est devenue majeure. Dès lors, comment échapper au stéréotype
de l’ado fainéant et superficiel ? En se confrontant à ses propres
préjugés. La cinéaste prend la juste position critique lorsqu’elle
met Laura face à ses contradictions : l’image de soi n’existe
que sous le regard de l’altérité. Filmer l’autre n’est jamais
acquis semble nous dire la cinéaste, c’est toujours affaire
de clichés, du déjà vu, de ce réel qui bute sur notre capacité
à l’appréhender, toujours un peu convenu.
Eléments d’analyse
Par le cadre, le film fait s’opposer deux mondes, celui des
adolescentes au monde adulte. Le « in » appartient
à l’adolescence des jeunes filles et le « off » c’est
la famille, larguée dans le hors champ visuel et sonore. La
mère de Laura apparaît une fois, de dos, au bord du cadre, reléguée
à sa fonction nourricière : « qu’est que t’a fait
à manger » lui demande-t-on L’espace paraît immense
entre la fille et la mère dans la cuisine, où chacune d’elle
est à l’extrémité du cadre, ligne de fuite verticale reliée
par l’échange des mots autour de la nourriture. Lorsque Laura
s’engagera comme bénévole pour une association en faveur des
pauvres, c’est par le prisme de son regard que nous voyons le
repas de la galette des rois au foyer. Il s’agit d’un spectacle où
quelque chose se noue de son identité et de sa peau : un plan
nous la montre souffler, seule dans les coulisses de la cuisine,
juste avant son entrée en scène pour servir les convives. L’enjeu
dès lors pour Laura est d’affirmer sa place à l’intérieur du
cadre, au risque du décadrage (plan où on la voit sortir de
scène, affolée et dégoûtée par l’odeur des pauvres.)
Née en 1954, Irène Sohm
est scénariste, réalisatrice, productrice et
directrice de production pour des longs-métrages
de fiction, des documentaires télé et cinéma. C’est
à partir de son diplôme du Conservatoire Européen
d’Ecriture audiovisuelle qu’elle a réalisé le court-métrage
La leçon du jour. Elle vient de co-réaliser
avec Jean-François Gallotte le long-métrage L’enfant
avec Catherine Frot et François Cluzet.
Titre :
La Galette des rois Réalisateur :
Irène Sohm Scénario :
Irène Sohm et Jean-François Gallotte Acteurs :
Charlotte Sohm, Catherine Harold, Sylvie Imbert,
Jean-François Gallotte Chef opérateur :
Joseph Brettrager Montage :
Christine Keller-Monge Infos :
France 2001, 20 minutes, couleur, 35 mm
Festival / Prix :
Fenêtre sur court, Dijon 2001, Festival de Clermont-Ferrand
2002, Prix interprétation féminine Festival 5 jours
tout court, Caen 2001