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The Missing (c) D.R. FESTIVAL DE ROTTERDAM 2004
Compétition internationale

THE MISSING / BU JUAN

de Lee Kang-sheng
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Un adolescent part à la recherche de son grand-père, alors qu’une grand-mère cherche son petit-fils.

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POINT DE VUE

Grand Prix de cette 33e édition, ce premier long métrage bénéficie d’une noble parenté : son cinéaste, Lee Kang-sheng, est en effet l’acteur au visage lunaire qui traverse avec nonchalance le travail unique du cinéaste taiwanais Tsai Ming-liang. Le jeune homme à la minerve de La Rivière, c’est lui, ce beau garçon au regard doux mais à la cinégénie sourdement animale. Avec un tel parrainage, l’inscription de son premier film à la mise en scène dans une continuité formelle avec l’œuvre de son mentor apparaîtra au premier abord comme une évidence. Mais les ressemblances ici, loin de minorer la réussite de The Missing, signalent plus fortement la manière avec laquelle Lee Kang-sheng se hisse sur l’art de son maître, dans une compréhension de son écriture et de son discours sur le microcosme taiwanais, et sur les auto-mutilations que s’impose toute culture ayant goûté le fruit du libéralisme.

C’est de ville dont il est ici question, comme chez Tsai Ming-liang : la ville comme entrelacs de décor qu’il s’agira de quitter pour rejoindre les coulisses, les loges, les lieux neutres où peut advenir une refonte de son rapport au monde. A l’attention extrême portée par Tsai Ming-liang à l’émergence d’une individualité enfin libéré du faisceau des contraintes sociales aliénantes et des fantômes familiaux, et qui se manifeste avec la plus grande simplicité dans l’avènement du geste, ankylosé et peu à peu affermi, comme expression cinématographique originelle d’une inscription enfin apaisée dans le monde, Lee nous propose de suivre le parcours de quelques personnages, à la recherche d’un proche disparu. Ce qui, pour un premier film, est une option des plus valables, garantissant l’unité et le contraste, le mouvement et la séduction d’une promenade dans la ville, et permet par ailleurs de mettre en scène des figures schématiques, plus simples à manier pour un cinéaste débutant : un corps et deux jambes, à peine des visages.

Un goût prononcé pour l’occulte traverse le film, mais les forces naturelles ou surnaturelles n’opèrent pas toujours comme outils de sens s’inscrivant dans une mécanique poétique manquant parfois de chair chez Tsai Ming-liang. Une forme de respect devant le mystère de la disparition, une croyance certaine dans le surgissement inattendu de signes univoques, doivent être acceptés par le spectateur, plongé dans un univers quelque peu merveilleux.

Donc ici deux trajectoires symétriquement inversées, la mise en route d’un jeune homme, qui devra s’extraire des brouillards artificiels du jeu vidéo pour retrouver son grand-père, et la progressive décélération d’une grand-mère affolée ayant perdu son petit-fils au parc. Le grand-père est atteint de la maladie d’Alzheimer, et il est innocent comme l’enfant perdu : c’est cette insouciance qu’il s’agira de retrouver. The Missing déploie alors harmonieusement ce dispositif se réfléchissant comme indéfiniment, opposant point par point ces deux personnages. Cette opposition a priori oxymorique se confondra finalement dans une identique confusion, puis acceptation apaisée devant la réalisation soudaine du besoin vital de la générosité innocente que portait le disparu
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Titre
: The Missing
Réalisateur : Lee Kang-sheng
Producteur : Homegreen Films Co., Liang Hung-chih
Scénario : Lee Kang-sheng
Acteurs : Lu Yi-ching, Miao Tien, Chang Chea
Montage : Chen Sheng-chang
Durée : 82 min