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Save the green planet (c) D.R. FESTIVAL DE ROTTERDAM 2004
Sélection long métrage

SAVE THE GREEN PLANET

de Jang Jun-hwan
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Un jeune homme, Byung-gu, est persuadé que l’homme d’affaire Kang est un extraterrestre sur le point de détruire la planète.

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POINT DE VUE

  Save (c) D.R.

Dans la géographie du cinéma mondial, il existe des plaisirs que ne procurent que les films en provenance de Corée du Sud. Il ne s’agit pas forcément des films d’auteurs reconnus comme tels, tels Hang Sang-soo, ou le plus sulfureux Kim Ki-duk, mais plutôt de la production moyenne, les films de série, mais pas nécessairement enclos dans un genre. Il y règne une inventivité tonale dans l’abord des situations les plus extravagantes ou les plus brutales, et une capacité enthousiasmante à débusquer des tabous non-dits, des angoisses encore non identifiables comme telles et donc vierges de toutes crispations moralisatrices. Et, sans doute le plus important, un humour noir qui permet de rire de tout - mais alors vraiment tout ! Peut-être, avec toutes les précautions possibles, pourrait-on le comparer à la vitalité du cinéma italien des années 60-70 : colérique et revendicatif. Le grand vivier de sujets, mais c’est un peu celui de nombreuses cinématographies de par le monde, sont les errements du modèle libéral, capitaliste et individualiste. Des valeurs qui heurtent et blessent une culture qui, au vu de ses films, ne paraît pas vraiment formatée pour accueillir paisiblement cette violence. Alors, dans leurs films de série tout au moins, les réalisateurs sud-coréens jouent au copiste de génie : avec art, ils s’approchent au plus près du modèle hollywoodien contemporain, emprunte son pompiérisme, se coule dans sa paranoïa, et sape soigneusement de l’intérieur. Le prétexte le plus absurde, l’histoire la plus improbable, se voit ainsi traiter avec le même professionnalisme et le même sens du spectacle que le blockbuster attendu. Pour une démonstration par l’exemple, une suggestion : voir Matrix, puis The Resurrection of the Little Match Girl. A la morgue grotesque du premier répond point par point l’enjouement du second, qui envoie valser en riant le fatras de l’Election pour satisfaire nos envies barbares de savoir ce qui gît au bout de l’idée du monde comme réalité virtuelle, où tout donc est permis.

Il y a dans ces films une prise de conscience libératrice qu’au cinéma, tout est possible, tout est représentable, aucun sujet n’est interdit : quelques Miike (Ichi the Killer, un manifeste), d’autres films japonais récents (un petit joyau nommé Suicide Club) sont eux aussi parvenus à se souvenir de ça, mais ils sont rares.

Save (c) D.R.

Donc, après avoir ri des râles d’une cancéreuse et du trafic d’organes dans Sympathy for Mister Vengeance, c’est de terrorisme dont il est question dans Save the Green Planet ! Le « pitch » à lui seul fait frémir d’aise. Un couple, persuadé que des extra-terrestres en provenance d’Andromède sont parmi nous, enlèvent l’un d’eux, directeur d’une multinationale, et le mettent à la torture pour lui faire avouer son origine et le plan d’invasion de ses congénères, afin de sauver la planète Terre.

Nous ne sommes pas ici en présence d’un très bon film : la clarté narrative n’est pas son fort, une sous-intrigue policière confuse parasite et ralentit l’intrigue principale, et parachute des personnages banals de policiers dévoués dans un récit qui méritait sans doute plus de grandiloquence encore. De même, la justification constante des motivations du personnage du « sauveur » emprunte un peu trop les voies de l’inconscient, ce qui par ricochets minimise la portée politique de son geste : c’est sans doute le plus grand tort du film, et qui fait hésiter sur la sincérité de ses intentions contestataires. Le final espéré comme incroyable déçoit également, les coups de théâtre à répétition s’épuisant d’eux-mêmes. Ceci dit, il se déploie ici par intermittences un tel désir de justice, une telle croyance en la toute-puissance d’une histoire, même grossière, pour donner à éprouver la barbarie contemporaine, la laideur du mensonge et de l’égoïsme rapace, et la nécessité vitale du combat contre ces maux, que l’on pardonne les maladresses de ce premier film.




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Titre : Save the green planet
Réalisateur : Jang Jun-Hwan
Scénario : JangHun-Hwan
Acteurs : Shin Ha-Kyun, Baek Yoon-Sik, Hwang Jun-Min, Lee Jae-Yong, Lee Juh-Yeon
Producteur : Kim Sun-Ah, Sidus Corporation
Distribution : CJ Entertainement