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The Stroll (c) D.R. FESTIVAL DE ROTTERDAM 2004
Sélection long métrage

THE STROLL / PROGULKA

d'Alexei Uchitel
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Olya, Alyosha et Petya se promènent dans les rues de St-Petersbourg. Les deux hommes tentent de séduire la jeune femme.

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POINT DE VUE

  The Stroll (c) D.R.

Une jeune femme blonde descend d’une limousine. Elle est d’une beauté apprêtée, fantasme blanc et mamelu au visage de poupée monté sur un corps qu’un spectateur masculin prend plaisir à imaginer nue, et dans des poses obscènes. Les spectatrices, elles, soupirent. Elle se met à marcher pour une promenade estivale. The Stroll, descendant russe « arty » des innocentes cochonneries de l’américain Russ Meyer, nous la montrera donc tomber, s’accroupir, courir, avec une délectation obsessionnelle pour les rebonds violents de ses seins lourds qu’on imagine de lait. The Stroll pourrait n’être que cela, la promenade - c’est mieux pour filmer de profil - d’un fantasme pour adolescent dans une grande ville élégante (Saint Petersbourg), et ce serait déjà bien satisfaisant.  Mais cette jeune femme est joueuse,  et deux garçons, chargés par le film de revêtir deux idées de la masculinité, l’apprendront à leurs dépend en voulant la séduire : de sexe il est ici à peine question, ce dont l’on nous parle, c’est de séduction. Avec d’un côté son gentil clown impulsif et un peu poète, de l’autre le misogyne entreprenant, et au centre cette jeune femme appétissante et manipulatrice, les ingrédients fondamentaux de la lutte sont réunis. Et porté par la rigueur de ses comédiens et une absence saine de « moralité », le film propage ce frisson si particulier qui est en jeu dans la séduction : conquête, obscure et confuse même entre gens civilisés, où le scrupule n’a pas sa place.

Fatalitas, le film se résoudra dans une pirouette bien théâtrale, avec jeux de manche et hystérie, alors qu’il avait su en éviter les écueils tout au long du parcours de son triangle amoureux : la tenue de l’ambiguïté des jeux de masques où chacun joue à être plus, ou autre chose, qu’il n’est, méritait une conclusion plus risquée, ce qui aurait été logique au vu des échappées maîtrisées de The Stroll vers les contrées sans lois des jeux amoureux. Un deus ex machina empêche l’évidence, broie sauvagement la sincérité du personnage féminin en quelques minutes, et préfère couper là dans la frustration partagée : comme un sursaut de vanité masculine de la part des créateurs ?

The Stroll (c) D.R.

Le film fut donné, durant le festival, comme le pendant moderne et primesautier de L’Arche russe de Sokourov : mais de plan-séquence, il n’est point ici question, malgré les efforts déployés en « maquillage » pour fluidifier la juxtaposition des plans cahotants tournées en caméra portée, sans même parler de justesse dans un regard porté sur la Russie contemporaine : là n’est pas le propos. A moins qu’il y ait une « méta-signification » à y voir réalisés des films aussi pleins de joie de vivre et de plaire que celui-ci.




Titre
: The Stroll / Progulka
Réalisateur : Alexey Uchitel
Scénario : Dunya Smirnova
Acteurs : I. Pegova, Pavel Barshak, Evgeny Tsiganov, Evgeny Grishkovets
Producteurs : A. Uchitel, Rock Film Studio, Ministry of Culture of the Russi
Durée : 90 min