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800 Balles (c) D.R. 800 BALLES
d'Álex de la Iglesia
Par Guillaume SERRES

SYNOPSIS : De nos jours, au sud de l’Espagne. Dans la région d’Almería, où furent tournés de nombreux films internationaux et westerns spaghetti, se trouve Texas-Hollywood, une reconstitution de ce que devait être un village de l’Ouest américain au XIXe siècle. Une troupe de cascadeurs et de figurants y ont pratiquement élu domicile, organisant un spectacle municipal pour les touristes de passage. Imprégnés par la culture des films de cow-boys, ces joyeux lurons sont dirigés par Julián Torralba (Sancho Gracia), soi-disant ancienne doublure de Clint Eastwood, plus ou moins secondé par son adversaire à l’écran – et à la ville ? – Cheyenne (Ángel de Andrés López). Tous se complaisent dans cet univers, en vrais nostalgiques de l’âge d’or des studios d’Almería. Un jour, un petit garçon fugueur, Carlos (Luis Castro), débarque dans le village, à la recherche de son grand-père, qui n’est autre que Julián. Il veut en savoir plus sur la disparition de son géniteur, mort lors d’une cascade plusieurs années auparavant, fait qui culpabilise Julián. Il prend néanmoins le gamin sous son aile. Seulement la mère de Carlos, Laura (Carmen Maura), haineuse à l’égard de son beau-père, ne l’entend pas de cette oreille. D’autant qu’elle travaille pour un requin de la finance sans scrupules, à la recherche d’un terrain à transformer en parc d'attraction. Un terrain comme celui de Texas-Hollywood, par exemple ! Mais Julián est bien décidé à le défendre coûte que coûte…


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POINT DE VUE

  800 Balles (c) D.R.

Achevée il y a deux ans, cette comédie s’annonce dès la vision de l’affiche française comme ouvertement délirante. Des gardes civils espagnols contemporains font face à un homme en vêtements de cow-boy, la crosse de son revolver mise à l’envers dans l’étui. L’un des agents se tient dans une posture duelliste de western. Le film est dit « attraction » dans un faux logo comprenant une tête de carcasse de bovin, coiffée d’un casque de policier à la visière touchée par un impact de balle. Le titre et la tagline – « Ils résisteront jusqu’à la dernière cartouche » – laisse augurer un contenu plutôt musclé. On peut par conséquent s’attendre à un film provocateur, excessif, d’action subversive, le résumé officiel insistant sur l’affrontement « de classes » opposant provinciaux et citadins, gens du spectacle et financiers, faux hors-la-loi et vrais policiers.

Cet aspect « film de jeune loup », « d’enfant terrible » apparaît par instants. Le sang coule à quelques reprises, notamment lors de l’accident mortel qui coûte la vie au fils de Julián. Les insultes et jurons en castillan fusent, les coups de poing sont présents ainsi que les coups de feu, bien que ces derniers soient dans un premier temps inoffensifs. En effet, les « 800 balles » du titre sont les huit cents véritables balles que se procure Julián afin de se défendre contre ceux qui veulent raser Texas-Hollywood. Immanquablement, le côté factice du monde des cascades, des décors de reconstitution cinématographique et donc des fusillades à blanc déteint sur l’aventure qui nous est montrée, devenant bel et bien cette « attraction » dont parle l’affiche du film. De surcroît, les personnages comme le petit Carlos et sa mère – passés sous silence par le pitch officiel (1) – introduisent tout un pathos familial donnant à 800 Balles un profil « grand public » inutile.