TROISIEME PORTE A DROITE

Patrice Leconte est un réalisateur atypique. Parti de la comédie avec Les vécés étaient fermés de l'intérieur puis Les Bronzés pour arriver à des études de mœurs à la Sautet avec Confidences trop intimes. Large spectre, alors qu'on reproche aux réalisateurs de se cantonner dans un seul genre de peur de prendre des risques. Personnage difficilement classable du cinéma français, le réalisateur de L'homme du train énerve parfois quand il se lance dans de minuscules combats. À la pointe de la fronde anti-critique de 1999, chantre d'un « cinéma français populaire de qualité », Patrice Leconte a la colère adolescente, réagissant en enfant un peu trop gâté, étant sans doute trop hypersensible pour réfléchir avant de s'en emporter dans des diatribes qui n'en valent pas la peine.

Ce petit défaut mis à part, l'individu a quelque chose de sympathique. Et surtout son œuvre prend au fil des années une ampleur non négligeable. D'accord, tout n'est pas parfait. Ceux qui se sont infligé le duo Belmondo-Delon dans Une chance sur deux peuvent en témoigner. Mais sa filmographie comporte aussi - et surtout car s'il est facile de faire des mauvais films il est plus dure d'en faire des bons - des longs métrages plus que respectables : Tandem, Le mari de la coiffeuse, Monsieur Hire, La fille sur le pont... Confidences trop intimes se classe peut-être un peu en dessous de ses meilleures productions, mais clairement dans le peloton de tête. En tout cas, largement devant ses tout derniers films - comme Félix et Lola - qui tournaient un peu dans le vide.