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La Caméra de bois (c) D.R. LA CAMERA DE BOIS
de Ntshavheni Wa Luruli
Par Julie PETIGNAT


SYNOPSIS : Un township à proximité du Cap, que la fin de l'Apartheid semble n'avoir pas touché. Deux gamins de 14 ans, Madiba et Sipho, jouent le long d'une voie de chemin de fer. Ils trouvent un pistolet et une caméra vidéo. A Sipho le pistolet et à Madiba la caméra ; leurs destins sont scellés.

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POINT DE VUE

  La Caméra de bois (c) D.R.

La caméra de bois s’ouvre et se ferme comme un conte, sur le récit de la jeune sœur du héros. Cette narration n’est pas le seul détail qui rapproche le film de la forme du conte. Le récit s’ouvre sur un symbolisme clair, qui ne se démentira pas par la suite. Deux adolescents découvrent en même temps un revolver et une caméra. Il s se partagent le butin. Pour le premier, Sipho, s’ouvre le monde des gangs et de la délinquance. Pour le second, Madiba, celui de la création. A ces symbolismes s’adjoignent assez logiquement un partage du monde assez manichéen. L’arme renvoie au monde de la violence, et son pouvoir mortifère agira à deux reprises. Au contraire, la caméra permet à Madiba d’accéder au monde de l’art, et par là même d’échapper à la délinquance. Ce monde binaire n’admet d’exception que l’amitié profonde entre les deux enfants, bientôt mise à mal par la divergence de leurs destins. Car, comme dans tout conte efficace, le récit est initiatique, semé d’embûches et d’étapes.

Cette parfaite fermeture du récit peut sembler en décalage avec un autre aspect du film, son ancrage profond dans la réalité de l’Afrique du Sud après apartheid. Mais l’argument du film, la caméra de bois, introduit une dualité au sein du récit, et d’abord par l’image. Au premier récit, se superposent les images tournées en numérique par Madiba. Le regard de l’enfant se porte d’abord sur les gens qui l’entourent, le township et ses événements quotidiens. Puis il découvre la lumière, les formes et les couleurs. Ses films deviennent presque expérimentaux. Il palpe l’image, s’interrogeant sur sa nature, lui donnant une dimension poétique. Parallèlement, il découvre le domaine de l’affection avec Estelle, jeune blanche en rupture avec ses parents. Mais alors que Madiba voit s’ouvrir un nouveau monde, celui-ci lui échappe. Il découvre la distance qui le sépare de son amie, puis celle non moins grande existant désormais entre Sipho et lui. La réalité du township, de son père alcoolique, l’empêche de se réaliser vraiment. Ce n’est qu’en enlevant à la caméra sa carapace de bois qu’il parviendra à quitter un monde qui le freine.

La Caméra de bois (c) D.R.

Malgré la réalité décrite, le film ne tombe jamais dans le misérabilisme, choisissant le parti pris de la création. Sont exaltées les forces vives des habitants du township, comme à la fête où la musique transfigure la dureté de la vie. De même, le professeur de musique introduit une note positive dans cet univers violent. S’il est un guide pour les jeunes musiciens, il ne fait que soutenir et encourager Madiba dans sa vocation. Il joue le rôle d’un accoucheur envers l’adolescent, visionnant ses films et lui procurant des cassettes.

Ainsi, La caméra de bois est un film optimiste. Et quand on sait que Madiba est en Afrique du Sud le surnom de Nelson Mandela, on comprend la portée symbolique du destin du jeune héros. Et qu’il ne peut, historiquement, échouer.



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Titre
: La Caméra de bois
Réalisateur : Ntshavheni Wa Luruli
Scénariste : Yves Buclet
Acteurs : Junior Singo
Distribution internationale : Fortissimo Films Sales, Pays-Bas
Production : Odelion Productions, France