Ne pas avoir assez de
« volume » signifie qu’il n’y a pas assez de mouvement
d’argent sur un compte. Une raison donnée à la fermeture d’un
compte par une banque, pour reprendre l’exemple du film.
Le point de vue est militant. Il s’agit
en fait de montrer la course au profit, l’entrée des économies
dans le capitalisme financier, celui qui a pour unique référence
le bénéfice. Le but affiché par l’OMC est de défendre les
consommateurs. Mais le consommateur profite-t-il vraiment
des bénéfices engendrés par les multinationales ? Le
directeur l’avoue lui-même, il n’y a pas de moyens de contrôle
sur les entreprises transnationales. Lorsque l’Europe ne veut
pas du bœuf aux hormones, c’est Roquefort qui en pâtit. L’identité,
le lieu, le produit sont attaquables. Sur qui ou quoi faire
pression lors qu’il s’agit d’entreprises à capitaux multiples,
à l’identité floue et aux intérêts opaques ?
Si la première partie se centre sur l’OMC – son histoire,
ses actions – la seconde traite de l’AGCS (Accord Général
sur le Commerce des Services). L’accord est signé depuis 95
déjà. On ne le connaît pas, ses tenants et aboutissants sont
sujets à débats. Pour les uns (OMC), il ne s’agit que de la
mise en concurrence de services comme la poste ou l’électricité.
En fait, l’accord prend en compte tout ce qui n’est pas service
d’Etat, soit l’armée, la police et la gendarmerie. La santé,
l’enseignement, pourraient selon cette logique (à laquelle
nos gouvernements européens ont adhéré), être sujet à concurrence,
sainte notion labellisée OMC. Celle de service public étant
elle-même absente du texte, toute gestion des services est
alors liée à la seule économie. Et c’est là le cœur du film,
l’omniprésence de l’économie, seule force mouvante du monde
actuel - ou qui se voudrait telle.
Un exemple parmi d’autres, choisi par
Glenn pour son aspect percutant. Lors de la crise dite de
la vache folle, interdiction a été faite de nourrir
les bovins avec des farines animales. Une partie de la production
européenne de poulets, destinée aux farines, a alors été déroutée
vers le Sénégal. Face à des prix impossibles à concurrencer,
deux tiers des exploitations aviaires sénégalaises ont fermé.
On le voit, OMC, concurrence et libéralisation des services
ne parlent finalement que d’une chose, de la césure entre
deux mondes. Celui du développement et celui du sous-développement.
Vincent Glenn marque cette césure par la mise en avant de
l’art. Photographie et musique émargent le documentaire, prônant
une autre voie. Mais l’utilisation de la musique, en majorité
africaine, gêne par l’image qu’elle véhicule. Le Tiers Monde,
car c’est de cela qu’il s’agit, est présent principalement
par la musique, à l’exception d’une ancienne ministre (de
la culture) et d’un économiste. Est-ce à dire que tous les
Africains sont des artistes ? Que l’on peut opposer la
musique africaine à l’économie occidentale ? Le cliché
affleure, même si ce n’est pas là le but.