SYNOPSIS :
Laurent vient rendre visite à son père près de Béthune, mais
celui-ci, qui vit isolé dans les bois, n'a plus qu'une idée
en tête : supprimer ses six enfants, pour leur éviter d'endurer
plus longtemps les misères de la vie et remédier ainsi à l'inconvénient
d'exister. |
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LE
CINEMA A LA LETTRE
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Jean-Charles
Fitoussi fait partie d'un petit clan de cinéastes français
qui traitent le cinéma de manière littéraire. Si vous reprenez
la filmographie de ce réalisateur, difficile de ne pas remarquer
combien sa démarche artistique est liée à l'écrit. En 2002,
il réalise Les Jours où je n'existe pas d'après une
nouvelle de Marcel Aymé. Il collabore à la revue « La
Lettre du cinéma » qui porte décidément très bien son
nom. Et quand, dans le dossier de presse de la collection
Portraits, il explique dans un court texte la genèse du
Dieu Saturne, Jean-Charles Fitoussi cite deux auteurs
- Montaigne et Wittgenstein - et un passage d'Homère.
Et il ne s'agit pas de références jetées en l'air pour épater
la galerie. La littérature est en effet très présente dans
Le Dieu Saturne. La mythologie est mise en avant
dès le titre, ainsi que dans de petites séquences où interviennent
Déméter et Hermès. Lors d'une autre scène, l'un des personnages
féminins se met à lire un passage de roman. Mais le goût
très marqué de Jean-Charles Fitoussi pour l'écrit ressort
avant tout dans des dialogues qui sont plus des textes lus
que la mise en œuvre d'un langage oral. La scène phare du
film où Jean-Claude - le père - et Laurent - l'un de ses
fils - palabrent sur la vacuité de l'existence en constitue
l'exemple parfait.
Cette
conversation est un exercice de style littéraire voire théâtral
où les protagonistes débitent une série de réflexions existentielles.
Ce procédé peut s'avérer intéressant et même drôle grâce
au regard légèrement distancié du réalisateur sur son travail.
Mais il n'empêche qu'on en vient très vite à se demander
s'il est toujours question de cinéma. Pas facile de déterminer
ce que doit être un film sans paraître pour un fasciste
de l'art, sans donner l'impression de restreindre sa définition
à des déterminismes personnels. Pourtant, à voir Le Dieu
Saturne, quelques constatations simples titillent la
plume... ou plutôt le clavier d'ordinateur.
Le cinéma repose sur une donnée fabuleuse : sa capacité
à capter le réel. La photographie le fige, la peinture le
reproduit plus ou moins exactement, le théâtre le retranscrit
en symboles et métaphores, la littérature le décrit, mais
seul le cinéma peut le montrer. Parler de réel ne signifie
pas qu'il faut filmer la vie de manière brut pour toucher
à l'essence même du cinéma. L'écriture cinématographique
se construit autour du montage, de l'ellipse, bref de la
mise en place d'une fiction. Le mot réel doit donc être
entendu au sens de réalité humaine. Le cinéma fascine car
les sentiments qu'il exprime, les actions qu'il reproduit
sont au plus près du vécu du spectateur.
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