FESTIVAL
DE CANNES 2004 Quinzaine des réalisateurs
VENUS ET FLEUR d’Emmanuel Mouret
Par
Clément GRAMINIES
SYNOPSIS:
Fleur, une jeune Parisienne timide, rencontre à Marseille
Vénus, une jeune Russe extravagante et perdue. Elles n'ont
rien en commun. Si ce n'est leur envie de rencontrer le garçon
idéal...
Fable sympathique et rafraîchissante,
Vénus et Fleur est aussi l’histoire ludique d’une amitié
improbable.
Vénus (Veroushka Knoge) et Fleur (Isabelle Pirès), deux jeunes
filles que tout oppose radicalement se rencontrent par pur
hasard et passent quelques jours de vacances dans une villa
marseillaise. La première d’entre elles est une jolie russe
extravagante et sans attaches, la seconde, bien plus réservée,
envie secrètement l’aisance de sa nouvelle amie. Un seul trait
commun les rassemble au point de vaincre toutes leurs différences :
la quête d’un amour idéal qui saurait enfin les faire « exister »
et qu’elle rencontre en la personne de Bonheur (Julie Imbert),
le bien nommé.
Au premier abord, les scènes d’ouverture
sembleraient assez déconcertantes de naïveté et pourraient
laisser craindre la pire des caricatures pour la suite :
des personnages affublés de prénoms à coucher dehors, des
situations aussi invraisemblables que téléphonées, un jeu
empreint d’une approximation maladroite et la difficulté des
deux jeunes actrices à habiter le cadre avec assurance. Malgré
tout, le second long-métrage d’Emmanuel Mouret, armé d’humilité
et de patience bienveillante, dépasse ces quelques maladresses
et parvient à poser ses marques, très progressivement, mais
sûrement. L’inventivité, la cocasserie des situations (voir
la scène de drague sur la plage où un ballon devient un personnage
à part entière) et la légèreté pleinement assumée du scénario
laissent un champ de manœuvre suffisamment large pour les
deux actrices débutantes puissent s’affirmer avec naturel
et spontanéité, laissant leur personnage exister autrement
que par la situation qu’il provoque. Le réalisateur ne cherche
en aucun à imprégner son histoire d’un réalisme qui emprisonnerait
les protagonistes dans les justifications psychologiques peu
à propos. Il construit un récit volontairement elliptique,
privilégiant les scènes où les deux jeunes filles sont opposées
et rendues complémentaires par le montage. Si cette amitié
et les situations peuvent paraître pour le moins improbables,
qu’importe, le film se veut un marivaudage décalé, drôle et
léger, parfois grave, qui rappelle davantage les œuvres de
références comme Pauline à la plage ou Conte d’été
d’Eric Rohmer que la chronique réaliste d’une adolescence
bousculée en quête d’identité et de repères. Avec une étonnante
dextérité mais sans aucune prétention, ce plaisant film de
vacances glisse vers la fable pour laquelle le thème de l’authenticité
et de la séduction serait la jolie morale. Si l’une pourra
s’épanouir parce qu’elle n’a jamais cessé de croire à son
rêve d’amour, ce n’est pas forcément au détriment de l’autre,
car cette expérience duelle, plus obscure et complexe qu’il
n’y paraît, aura mis ces deux jeunes apprenties amoureuses
sur le chemin de la vérité. Peut-être pas le film de l’année
diront certains, mais un très agréable film d’été.
Titre :Vénus et Fleur Réalisateur : Emmanuel
Mouret Avec : Veroushka Knoge,
Isabelle Pirès, Julien Imbert, Frédéric Niedermayer Scénario : Emmanuel Mouret Photo : Djibrill Glissant Musique : Franck Sforza Production : Moby Dick
Films Distribution : Shellac Sortie le : 23 Juin 2004 Durée : 1h 20mn Pays : France Année : 2004