CORPS A CORPS

Armand Lameloise récidive. Après L'Amertume de la chanteuse devant l'utilité des fils barbelés, le réalisateur renoue avec le court-métrage et, malheureusement pour lui et pour le spectateur, avec le gros ratage. On aimerait bien aimé son film, mais on ne peut pas dire qu'il y est mis du sien. Il faut dire que se lancer pour la millième fois dans une évocation de la découverte de la sexualité par un adolescent mérite une attention toute particulière pour éviter de sombrer corps et biens dans le déjà-vu ou le ridicule.

Juste un peu de réconfort... contient quelques scènes intéressantes. Une masturbation intra-slip comme il en a été rarement filmé, avec une rudesse qui correspond bien à l'état d'agitation des jeunes hommes en pleine montée de testostérone. Le plan ras le carrelage mimant une masturbation consciencieuse a même une certaine beauté. Mais cette séquence de la salle de bains est la seule qui vaille le détour. Le reste du film étant rendu plus qu'agaçant par une incapacité chronique à trouver le ton juste.

Première catastrophe : la musique. Armand Lameloise a choisi d'illustrer son film par des morceaux tirés du premier album d'Aqme, un groupe grungo-rock français. Le résultat est - comment dire sans employer de gros mots - très mauvais. Le groupe Aqme n'est pas vraiment en cause. Une de ses chansons placées à bon escient dans un film sur l'adolescence pourrait même avoir un joli effet. Mais Armand Lameloise n'utilise pas une seule chanson, c'est l'album entier qui y passe. Ce qui a le don d'insupporter au plus haut point. D'autant que - comme si le film ne virait pas déjà assez au clip vidéo - la chambre du héros est recouverte d'affiches à la gloire d'Aqme et que l'acteur qui joue son rôle plaque sa voix sur un morceau du groupe.