SYNOPSIS :
Bintou, jeune africaine de 13 ans, part à la découverte de
l'amour.
|
....................................................................
|
L’AMOUR
N’A PAS DE COULEUR
|
 |
|
|
Parfois,
en sortant d'une salle obscure, en rédigeant une critique
sur le film qu'on y a vu, on se demande si son avis vaut quelque
chose. Si le jugement qu'on porte sur le travail d'un cinéaste
vaut la peine d'exister. Et puis, de temps en temps, très
rarement, on se retrouve face à des longs ou des courts qui
justifie cette démarche. Qui la justifie de manière négative
parce qu'ils emploient une forme malhonnête ou parce qu'ils
distillent un discours ne pouvant qu'être dénoncé. Ou bien
qui la justifie de manière positive touchant de la caméra,
quel que soit le genre choisi, une certaine vérité humaine.
Le Léopard ne se déplace jamais sans ses tâches fait
partie de cette deuxième catégorie de films. Ceux qui vous
donnent envie d'aller au cinéma, ceux qui vous donnent envie
de les défendre. Car, contrairement à ceux de la première
catégorie, et à ceux encore plus nombreux qui ne donnent pas
envie d'écrire sur eux, le film d'Héléna Klotz contient en
lui tout ce qui pousse à aller s'enfermer pendant quelques
dizaines de minutes dans le noir. De son début à sa fin, sans
être parfait, Le Léopard... parvient en effet à transmettre
une émotion par l'image.
 |
|
|
|
Le premier plan en est peut-être le meilleur
exemple. La séquence se construit autour d'un déplacement
de caméra particulièrement judicieux, d'un travelling latéral
qui en dit plus long que trois pages de scénario. C'est beau,
c'est du cinéma pur. Tout comme la manière qu'a Héléna Klotz
a filmé le visage de Bintou, son héroïne. La caméra caresse
la jeune fille, l'effleure, à la distance adéquate, avec la
lumière juste. Pareil pour la scène de la voiture ou celle
de fin, où les regards s'échangent d'une fenêtre à une cour
d'immeuble.
Ces séquences marquent parce qu'Héléna Klotz laisse le spectateur
y comprendre ce qu'il veut. Il peut voir Le Léopard...
comme un film d'amour, où un garçon tombe amoureux d'une fille
et inversement. Il peut voir Le Léopard... comme un
film sur le passage de l'enfance à l'adolescence, où, comme
le dit si bien la réalisatrice, « un regard naît à l'écran ».
Il peut aussi le voir comme un film poétique au sens où il
montre les immigrés comme des êtres humains et non comme des
archétypes sociaux. Il peut enfin le voir comme un mélange
des trois. Héléna Klotz laisse le choix, laisse le spectateur
libre, joue sur son intelligence et sa sensibilité plutôt
qu'à des réflexes formatés par la télévision. Une réussite.
 |
|
 |
|
Titre :
Le Léopard ne se déplace jamais sans ses tâches
Réalisation :
Héléna Klotz
Scénario : Héléna Klotz
et Élizabeth Perceval
Image : Crystel Fournier
Son : Xavier Piroelle
Montage : Anita Fernandez
Production : Les Films
du Poisson
Producteur : Laetitia
Gonzalez
interprétation : Bintou
Traoré, Éliane Doh, Saliha Drame
Format : couleur, 35 mm
Année : 2003
Durée : 32 min
|
|
|