Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Calvaire

CALVAIRE
de Fabrice du Welz


Par Romain LE VERN


SYNOPSIS
: Marc Stevens est un chanteur itinérant. A l'hospice, le concert est terminé. Celui-ci reprend la route, mais il tombe en panne au milieu de nulle part. M. Bartel, un aubergiste psychologiquement fragile depuis que son épouse Gloria l'a quitté, le recueille…

....................................................................

RAREMENT UN FILM AURA AUSSI BIEN PORTE SON TITRE

  Calvaire

Marc est un chanteur qui traîne son ennui de ville en ville. Il fascine les vieux d’un hospice avec ses standards et ses chansons ringardes; et surtout les vieilles, émerveillées, qui se font des films et des fantasmes. Puis, il prend la route, les photos cochonnes d’une infirmière sexy (Brigitte Lahaie) en poche. Voguant vers de nouvelles rencontres, de nouveaux horizons… Un soir, il se paume dans une sorte de non man’s land nonsensique où plus rien ne semble avoir de sens. En pleine nuit, l’artiste (Laurent Lucas, admirablement déphasé) tombe sur un aubergiste (Jackie Berroyer, impeccable) qui lui confie ne plus avoir reçu personne depuis… la mort de sa femme. Un aubergiste apparemment arriéré, sympathique (il semble avoir le cœur sur la main) mais énigmatique (on ne sait pas si les mots qu’il prononce collent à ce qu’il pense), dont l’hospitalité intrigue, dont l’obséquiosité angoisse, dont le mystère incise. Une nuit passe, rien n’a changé. Ou plutôt si, tout a changé. Mais le protagoniste et nous autres, spectateurs, ne nous en sommes pas rendus compte. C’est le début d’un long calvaire. Un cauchemar qui va prendre des proportions inimaginables…

Sorte de croisement fantasmé entre les premières fictions de Polanski (peur sourde, affects paranos), les classiques du cinéma fantastique (incipit à la Carnival of souls) et les survivals les plus gores (Massacre à la tronçonneuse), Calvaire est un film certes pourvu de nombreuses références, mais qui ne se contente heureusement pas de réciter des leçons bien apprises. Sous le flot d’influences explicites, percent une personnalité propre et un récit imprévisible; sous l’ultraviolence spectaculaire, surgit un romantisme tordu; sous le malaise ambiant, émane le rire le plus gras.

Calvaire

La grande réussite de cet objet singulier qui furète dans tous les registres réside dans le fait qu’il met mal à l’aise d’un bout à l’autre tout en déridant les maxillaires, parfois dans un même fragment de scène; le plus gênant étant que le spectateur ne sait pas s’il doit rire, s’émouvoir ou s’effrayer des situations qu’il voit à l’écran. C’est en cultivant cette ambiguïté que Fabrice du Welz redouble l’efficacité de sa fiction, très jouissive à une heure de standardisation extrême où le nivellement par le bas et la débilitation sont usuellement de rigueur. Une telle maîtrise formelle et une telle liberté de ton sont rares pour un premier film. Quelque part entre le merveilleux cauchemar et l’inquiétante étrangeté, un film formidable, terrible, éprouvant, qui relève l’exploit – trop rare – de rendre le spectateur aussi fou que ces personnages. Une claque.




Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Titre :
Calvaire
Réalisateur : Fabrice du Welz
Avec : Laurent Lucas, jackie Berroyer, Brigitte Lahaie, Philippe Nahon
Scénario : Fabrice du Welz, Romain Protat
Photo : Benoît Debie
Musique : Vincent Cahay
Production : The Film
Distribution : Mars Distribution
Durée : 1h 30mn - France - 2004