Philippe Katerine est un chanteur fortement
attiré par la caméra. Il a composé la B.O. d'Un homme,
un vrai des frères Larrieu. Il est même devenu acteur
dans deux courts-métrages de Thierry Jousse : Nom de code
: Sacha et Julia et les hommes. Et en octobre 2003,
il présentait une carte blanche au Festival « Paris Tout
Court ». Ses choix : Le Cochon de Jean Eustache,
Ici-Bas de Philippe Ramos et un court-métrage des frères
Larrieu, toujours eux. Rien de bien étonnant donc à ce qu'il
passe derrière la caméra pour la série Portraits. Et le changement
temporaire de discipline artistique donne 1 km à pied,
court-métrage de onze minutes tourné en numérique.
Philippe Katerine filme en temps réel l'itinéraire qu'il parcourait
étant enfant entre son école et la maison familiale. Pendant
que la caméra D.V. digitalise l'espace, il évoque les souvenirs
que font resurgir ces lieux mille fois fréquentés. Dans les
premiers mètres, ce sont plutôt des réminiscences sanglantes.
Là, Philippe Katerine se rappelle être violemment tombé de
vélo. Là, il avait aperçu une grande flaque de sang d'origine
inconnue. Chemin faisant, les souvenirs changent de registre
pour évoquer les premiers émois sexuels. Le chanteur de « Je
vous emmerde » s'attarde sur ses lacunes dans ce domaine,
sur ces cours de rattrapage à l'aide de la presse spécialisée.
Dans l'une de ses chansons,
une voix féminine demande avec curiosité : Qui êtes-vous
donc monsieur Katerine ?. Une partie de la réponse se
situe peut-être dans 1km à pied. On sent l'artiste
poindre dans son goût pour les fantasmes, pour l'envie de
se raconter des histoires. Par exemple, la flaque de sang
mystérieuse l'a profondément marqué. À son sujet, toutes les
hypothèses ont semble-t-il traversé le cerveau du jeune Philippe.
Ce qui surprend, c'est que ce chanteur plutôt drôle baigne
dans un univers assez sombre. Étranges, toutes ces chutes
référencées comme autant de petites morts. 1 km à pied
prend alors des allures assez originales d'auto-documentaire
où le caractère du personnage central se révèle en creux.
1 km à pied n'est pas
une tentative conceptuelle venant d'un artiste touche-à-tout.
C'est un vrai film avec un véritable rapport au cinéma. 1
km à pied établit ainsi un rapport particulier au son.
La voix de Philippe Katerine sert de fil rouge. Le spectateur
s'accroche à ce son apparaissant, puis disparaissant. À ce
souffle aussi, car Philippe Katerine halète de plus en plus
à mesure que les rues se succèdent, soit à cause de la lourdeur
du matériel, soit à cause de la pente, soit à cause d'une
forme physique approximative ou soit à cause des trois. Une
respiration qui donne un certain cachet à un bon premier film
qui en appelle d'autres. D'ailleurs, appréciant visiblement
l'expérience, Philippe Katerine vient de terminer un long-métrage,
Peau de cochon.
Titre :1 km à pied Réalisation : Philippe
Katerine Scénario : Philippe Katerine Montage : Albane Penaranda Mixage : Philippe Grivel Producteurs délégués :
Michel Klein et Jérôme Larcher Production : Les Films
Hatari, ARTE Format : couleur, vidéo Durée : 11 min Année : 2003