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Le bois lacté(c) D.R.

LE BOIS LACTE
de Christoph Hochäusler


Par Patrick INNOCENTI


SYNOPSIS : Lea et Konstantin, deux enfants allemands habitant à la frontière polonaise, partent avec leur belle-mère faire des courses en Pologne. Agacée par le comportement de ces derniers, la femme les abandonne provisoirement au bord de la route, en guise de punition, avant de repartir les rechercher. Néanmoins, ceux-ci ont disparu, la femme tente de les retrouver, en vain. De peur de perdre l’amour de son amant, elle préfère alors taire l’incident qui vaut aux enfants de se perdre dans un pays aussi étrange et inquiétant que la forêt du conte de Grimm, Hänsel et Grethel, dont le film s’inspire.

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  Le bois lacté(c) D.R.
Ceux qui attendent de cette adaptation d’un conte de Grimm un univers baroque et gentiment kitsch devraient s’abstenir d’aller voir ce film. Hormis quelques références anecdotiques, telle qu’une grenouille rencontrée sur le chemin, Christoph Hochhäusler s’appuie au contraire sur un contexte contemporain. S’il ne fait naturellement aucune référence à la peur d’une invasion du marché du travail par ces barbares de l’est que seraient les Polonais, il transpose néanmoins la forêt du conte à cette Pologne catholique, avec ses marches de croyants, ses églises dorées et son état de sous-développement relatif, s’opposant ainsi à une Allemagne qu’on s’imagine majoritairement protestante, plutôt austère, riche mais aseptisée.  Les plans de la maison des parents, récemment construite, froide et obéissant à des schémas de construction très carrés, contrastent par exemple avec les immeubles délabrés du pays voisin.

Le glissement dans l’univers du conte a lieu au passage de la frontière avec les plus beaux plans du film : le défilement d’une forêt de bouleaux, de paysages bucoliques, d’un ciel quadrillé par des câbles électriques ou remplis de flocons de ces bourgeons qui éclatent au printemps. Un plan alterné entre une cigogne dans la forêt et la belle-mère au cou remarquablement long suggère également un monde parallèle où vie animale et humaine semblerait converger. Ce glissement  est représenté de la façon la plus littérale par la disparition des enfants, lorsque ceux-ci sont filmés latéralement, marchant dans un fossé où ils semblent s’enfoncer progressivement pour finalement disparaître tout à fait.