SYNOPSIS : Lolita Cassard est
une jeune fille de vingt ans, mal dans sa peau en raison de
ses rondeurs. Aussi, elle suit des cours de chants et voudrait
que son père s’intéresse à elle. Son père c’est Etienne Cassard,
écrivain et éditeur célèbre dans le milieu littéraire, et
n’a pas le moindre temps à consacrer à sa fille. Sylvia Miller
est la professeur de chant de Lolita et se révèle également
être une grande admiratrice du travail d’Etienne Cassard.
Pierre Miller, le mari de Sylvia, lui, est un écrivain qui
a du mal à percer. Son troisième livre va finalement connaître
un certain succès. Au milieu de ce microcosme gravitent bien
d’autres personnages qui vont venir s’ajouter à l’histoire.
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A l’origine
du projet, explique Agnès Jaoui, il y a le souhait d’analyser
le rapport père-fille. Heureusement pour le spectateur,
il ne s’agit d’une énième interprétation du complexe d’Œdipe
(bien que le thème apparaisse assez nettement) où la psychologie
aurait été de mainmise. Cette relation n’est qu’une des
multiples facettes que recèle le scénario dont le prix à
Cannes est amplement mérité. Plus généralement le film s’attache
à décrire les rapports de force qui s’instaurent entre les
personnes. C’est ainsi que l’on peut dire qu’il n’existe
pas de pouvoir en soi mais, pour citer Michel Foucault,
que « le pouvoir se produit en tout point, ou plutôt
dans toute relation d’un point à un autre »
(1), autrement dit qu’il n’y
a que des relations de pouvoir. Et ici c’est le milieu de
l’édition qui est précisément visé. Etienne Cassard est
une personne très influente, fort de son prestige, il en
devient orgueilleux et souvent méprisant à l’égard de ses
congénères. Ainsi la première scène du film voit l’écrivain
s’énerver auprès du chauffeur de taxi qui avait eu l’affront
de ne pas lui parler correctement. Subitement le chauffeur
de taxi devient plus docile. Auparavant Lolita avait fait
une tentative similaire, mais qui s’était révélée infructueuse.
Le reste du film n’est qu’une déclinaison de ce type de
rapports de forces.
Ainsi lorsque Sylvia Miller va apprendre que Lolita est
la fille d’Etienne Cassard, elle va sensiblement changer
son comportement et se montrer plus délicate à l’égard de
la jeune fille. Puis Pierre, le mari de Sylvia, alors qu’il
rencontre enfin le succès, va peu à peu oublier son ami
Félix pour lequel il devait écrire des textes, qui d’une
certaine façon dispose d’un pouvoir en le délaissant. Mais
la personne dont on peut dire qu’elle exerce un pouvoir
et une influence considérable est inévitablement Etienne
Cassard. Par exemple il ne prend pas le temps d’écouter
la cassette d’enregistrement de sa fille car il a toujours
mieux à faire, son agent Vincent sert plutôt de souffre-douleur,
tandis que Pierre va se retrouver à manger du lapin à l’estragon
chez Etienne alors qu’il déteste cela. Tous subissent. Tous
ces gens, parce qu’ils ont des intérêts particuliers, vont
être subordonné aux bons vouloirs de l’éditeur acariâtre,
par peur de perdre sa confiance et/ou son amitié.
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