SYNOPSIS
: Sur une petite route américaine, un jeune homme, Jonathan,
caméra au point comme un appendice naturel, part sur les traces
de son passé et de celui de sa mère, Renée, à laquelle il tient
plus que tout. Il est la chair de sa chair, uni à elle par un
lien indicible, et le jeune homme, acteur né, grand passionné
des images, de sa propre image, s’identifie sans doute trop
à cette mère martyre, qui a connu les séances d’électrochocs
et les hôpitaux psychiatriques, et qui les connaîtra sans doute
encore. |
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TARNATION / RESURRECTION
Tarnation commence,
non comme un documentaire, mais comme une quête, dont le but
serait non la réponse à des questions qui seraient de
toute façon inutiles, mais la reconnaissance d’une identité,
d’une filiation. Dès le début, on s’en prend plein la tête
et les yeux. Jonathan raconte l’histoire de sa mère et la
sienne à la troisième personne, préférant les intertitres
à la voix-off, dévoilant les images personnelles d’une famille
qui aurait pu, selon lui, être « normale » si elle
n’avait été sabotée par l’ignorance et la bêtise. Utiliser
le « il » au lieu du « je », indice d’humilité ?
Symptôme du syndrome de dépersonnalisation dont souffre Jonathan ?
A la première vision, le film apparaît comme un morceau intense
de réalité, les images semblent être les témoins d’une vie
meurtrie et exceptionnelle. Mais la troisième personne du
singulier est bien l’indice de la fiction. Jonathan se met
en scène et met en scène les autres depuis l’âge de 11 ans,
et de sa première caméra super 8. Les images qu’il décide
de dévoiler au spectateur sont indéniablement des images vraies,
issues de sa vie, mais toujours travaillées et choisies. Jonathan
joue une femme battue, Jonathan filme sa grand-mère discourant
sur la cigarette, Jonathan filme sa mère en train d’imiter
Elisabeth Taylor. Et le jeune homme ne se cache pas de son
rôle de metteur en scène. Ce qu’il filme n’est jamais volé,
ses acteurs sont toujours conscients de la présence de la
caméra, et pour cause : la caméra est toujours là.
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