SYNOPSIS:
Noël, île d’Oléron. Simon débarque chez ses parents avec une
jeune inconnue rencontrée dans le train de nuit. Sont-ils amis,
amants, on ne sait pas. Simon retrouve Mathieu, son ami d’enfance.
Il filme son quotidien avec une caméra super 8. Durant le séjour,
la mère du jeune homme reçoit un coup de téléphone d’un ancien
amant, qui lui révèle un secret profondément gardé depuis 20
ans.
Par ces temps d’aseptisation cinématographique,
un film qui commence par un jeune homme brisant la vitre de
sa chambre d’un mouvement sec de la tête intrigue immédiatement.
Il met tout de suite en condition. Simon, l’être de fuite,
est de retour dans l’Atlantique de ses souvenirs. Il retrouve
sa mère, avec qui il entretient une belle relation enracinée
dans l’enfance, son père, aux dialogues inachevés, et sa soeur,
dure, presque haineuse. Il arrive dans la maison familiale
avec Louise, une belle inconnue rencontrée dans le train de
nuit, avec qui il ne peut parler qu’avec les yeux, pudique.
Pourquoi Simon en arrive-t-il à ce geste extrême, suicidaire.
Pourquoi cette rage, lui qui semble si calme, presque introverti,
dans le malaise de sa post-adolescence ? Les réponses,
nous les aurons au cours du film, bien sûr. Les secrets des
intrigues finissent toujours par être révélés au cinéma, plus
ou moins adroitement. Ici, on voit très vite venir les choses,
mais finalement elles nous importent peu. Ce qui nous importe
ici, c’est le mouvement des êtres et la façon dont ils sont
vus.
Prenons donc Simon, dont la démarche
hésitante contraste avec l’assurance ironique dont il fait
souvent preuve avec des membres de sa famille qui l’ennuient.
L’essentiel du film passe à travers lui, le jeune homme
qui n’énonce jamais vraiment son amour, quitte à en souffrir.
A travers ses gestes les plus quotidiens, sa façon de marcher
un peu traînante parfois, son regard d’enfant, son laconisme,
son discret autisme de cinéaste amateur (il filme son entourage
avec une caméra super 8), Simon nous touche profondément.
Parce qu’il nous ressemble, peut-être. Il ressemble à ce
qu’on a pu être à un moment de notre vie, ce qu’on sera
certainement toujours encore secrètement. Simon nous
touche par ce qu’il ne nous dit pas, mais que l’on ressent.
Le cinéma est aussi une affaire de télépathie. Gaspard Ulliel
donne grâce à ce personnage « qui ne meurt pas ».
Le dernier jour, c’est aussi l’histoire de sa rencontre
avec Rodolphe Marconi, dont les récits intimes flirtent
souvent avec l’autobiographie (Défense d’aimer, Ceci
est mon corps). Le dernier jour est autant un
autoportrait que la mise à nu d’un acteur en train d’éclore. Le
cinéaste bouleverse autant quand il filme Simon-Ulliel de
dos (sentiment de trahison quand il comprend l’histoire
d’amour naissante entre Louise et Matthieu, son meilleur
ami) ou dans un face à face très intrigant (à la toute fin).
Sa mise en scène est sèche, dense, elliptique, nourrie d’éclats
musicaux bien choisis. Elle gagnerait juste parfois à être
encore plus radicale, plus audacieuse. Mais ce n’est que
détails puisque encore une fois, l’essentiel est là.