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Parmi les films attendus
de l’été, deux titres se dégagent du
lot tant par la patience qu’il nous ont fait endurer (même
si celle-là est relative, tout de même) que pour
la déception encourue à leur vision. Un film
attendu n’est pas forcément un film décevant
comme on a pu le lire à propos du dernier opus de Kubrick,
mais en l’occurrence, force est de constater que Mission
Impossible 2 et Harry, un ami qui vous veut du bien
ne tiennent pas les promesses de la patience citée
plus haut. Et c’est à regret que le spectateur un tant
soit peu averti est forcé de constater l’absence de
contenu dans les images qui défient son esprit critique,
quel que soit la sagacité de ce dernier. Ce spectateur
pourtant était venu s’aventurer dans une histoire,
il aime qu’on lui en raconte, d’ailleurs quand il ouvre un
livre c’est dans le même élan, celui de tenter
l’aventure, surtout si son quotidien en manque terriblement
(mais là n’était pas la question). Là
où Mission impossible 2 propose un scénario
maigrelet et peu captivant (la maigreur d’un scénario
n’est pas un défaut en soi, attention : de petites
histoires peuvent se révéler gigantesques dans
la qualité du minuscule), Harry... inflige un
script dont les bonnes intentions sont effritées par
une auto-censure hélas généralisée
et qui pousse les cinéastes à ne pas tenter
la véritable aventure, celle de la création
poétique dans l’audace, la fantaisie, et pourquoi pas
l’exagération comme le recommande Sergio Lopez à
travers la bouche de ce fameux Harry qui nous fait sortir
de la salle plus ahuris qu’effrayés. Où sont
passées l’exagération et l’emphase incroyables
des Bunuel et des Fellini ? Mais venons-en au cœur de la problématique
: les acteurs.
Il paraît incongru
de rapprocher Mathilde Seigner et Tom Cruise dans un double
portrait, cependant un point commun les réunit : ils
sauvent à eux deux non pas les meubles, mais les quelques
bibelots flottant à la surface de ces deux naufrages
cinématographiques. Tom Cruise, depuis un an, conquiert
sa véritable identité d’acteur, surtout grâce
à Eyes wide shut et Magnolia, qui lui
valurent respectivement respect et récompense. Mission
impossible 2 démontre son intelligence, au-delà
de son jeu. Car combien de clins d’œil et d’allusions à
sa propre carrière au détour dune phrase, et
quelle mise en avant de sa propre image, comblant le narcissisme
le plus mégalomane par une sorte d’auto-dérision
discrète mais présente, comme cette remarque
à propos de sa bouche éternellement souriante
et légèrement niaise, fustigeant en une réplique
toute une pléthore de films qui l’avaient trop vite
catalogué parmi un certain type de non-acteurs. Imposant
une autorité responsable et crédible, notamment
comme producteur, Tom Cruise enfin naît à lui-même.
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Pareillement pour
Mathilde Seigner qui donne au film de Dominik Moll une véracité
unique, puisque la sienne. Jusqu’à présent cantonnée
dans des rôles sympathiques et quelque peu médiocres,
la jeune femme dévoile ici une présence qui
dépasse l’honnêteté d’un bon comédien.
Elle est la seule à faire sentir réellement
la chair du film, une chair dont on devine les profondeurs
tangibles et humaines, même si les autres acteurs restent
égaux à eux-mêmes. Ou plutôt parce
que les autres restent égaux à eux-mêmes
dans une mise en scène qui ne met pas en valeur les
talents qu’ils sont certainement prêts à exploiter.
Mathilde Seigner apparemment n’attend pas la mise en scène,
elle s’impose simplement, naturellement, avec une justesse
de ton qui guide le jeu de ses partenaires. Et le naturel
la rend belle, rivalisant avec la plastique de Sophie Guillemin,
provoquant une complicité féminine qui nourrit
le peu de sympathie qui se dégage des autres personnages.
Pourquoi Sergio Lopez n’a-t-il pas suivi la démarche
d’Isabelle Huppert quand elle avoue aimer rendre ses plus
ignobles personnages sympathiques ? Car Harry n’est ni sympathique
ni ignoble. Alors que le personnage de Claire fait surgir
une Mathilde Seigner épanouie dans son rôle et
son métier d’actrice : et si c’était elle, l’amie
qui nous veut du bien ?
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Mathilde Seigner
2001
Betty Fisher et autres histoires de Claude
Miller avec S. Kiberlain
2001 Une
Hirondelle a fait le printemps de Christian
Carion
2001
Inch'allah dimanche de Yamina Benguigui avec
F. Deliba, Z. Soualem
2001
Le Lait de la tendresse humaine de D. Cabréra
avec M. Canto
2000
La Chambre des Magiciennes de Claude Miller
avec Anne Brochet
2000
Le Coeur à l'ouvrage de Laurent Dussaux
avec M. Presle, M. Citti
1998
Belle Maman de Gabriel Aghion avec C. Deneuve,
V. Lindon
1998
Le Bleu des villes de Stephane Brize avec
F. Vignon, A. Chappey
1998
Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz avec
C. Deneuve, E. Béart
1998 Vénus
beauté institut de Tonie Marshall avec
B. Ogier, J. Bonnaffé
.....................................................
Tom Cruise
2001
Minority Report de Steven Spielberg
2001 Stanley Kubrick
: a life in pictures de Jan Harlan
2001 Vanilla Sky
de Cameron Crowe
2000 MI - 2 Mission:
impossible 2 de John Woo avec Anthony Hopkins
1999 Magnolia
de Paul Thomas Anderson avec Melinda Dillon
1998 Eyes Wide Shut
de Stanley Kubrick
1996 Jerry Maguire
de Cameron Crowe
1996 Mission : impossible
de Brian De Palma
1994 Entretien avec
un vampire de Neil Jordan
1993 La Firme / The
Firm de Sydney Pollack
1992 Des hommes d'honneur
/ A Few Good Men de Rob Reiner
1992 Horizons lointains
/ Far and Away de Ron Howard
1990 Jours de tonnerre
/ Days of thunder de Tony Scott
1989 Né un
4 juillet / Born on the fourth of july de
Oliver Stone
1988 Rain Man
de Barry Levinson avec Dustin Hoffman
1986 La Couleur de
l'argent de Martin Scorsese avec Paul Newman
1985 Legend Legend
de Ridley Scott
1985 Top Gun
de Tony Scott avec Tom Skerritt
1983 Losin' It
de Curtis Hanson
1983 Outsiders
de Francis Ford Coppola avec C. Thomas Howell
1983 Risky business
de Paul Brickman
1981 Taps de
Harold Becker avec Ronny Cox
1981 Un amour infini
/ Endless love de F. Zeffirelli avec Brooke
Shields
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