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Lucio Fulci (c) D.R. LUCIO FULCI
Horror Project
Par François-Xavier LACAILLE


Artisan prolifique (52 réalisations) du cinéma de genre italien, Lucio Fulci nous a quitté en 1996. Ce cinéaste méconnu a rencontré son heure de gloire à la fin des années 70, alors que le cinéma gore envahissait les écrans européens. Sa notoriété n'a pourtant jamais dépassé le cercle des amateurs d'horreur. Il fut victime à la fois du désintérêt du public pour les films sanglants et de la crise économique qu'a connu le cinéma italien ces quinze dernières années. Obligé à travailler directement pour la vidéo ces dernières années, Fulci n'a jamais eu la reconnaissance que mériterait son cinéma singulier.

  La maison prêt du cimetière (c) D.R.

Il faut préciser que le style Fulci est difficile à appréhender pour qui n'est pas un familier du cinéma bis. Car le réalisateur s'est toujours attaché à l'horreur pure évitant l'humour parodique (ce fameux second degré cher aux années 90) ou les compromis commerciaux. Travaillant obstinément une matière impure (ses films sont tous extrêmement morbides et violents), il a toujours injecté des éléments horrifiques à ses séries B (westerns ou polars) pour s'installer définitivement dans le gore au milieu des années 60.

Cet intérêt pour le cinéma d'horreur l'a amené a concentrer son style sur la violence graphique et les ambiances troubles. Cette tendance à l'outrance fait que parfois le visuel ne suit plus. Certains effets grossiers filmés avec un sérieux inflexible emmènent leurs scènes à la lisière du ridicule et atténuent considérablement l'efficacité de certains films (peut-être qu'ils seraient insupportables sans cela). De plus, Fulci ne tente jamais d'éclaircir des scénarios souvent abscons. Il est alors facile de qualifier son oeuvre de ringarde ou kitsch mais il a le mérite de ne pas chercher la facilité et de favoriser comme cela la participation du public. Malgré ces carences, Lucio Fulci a pu compter sur des collaborateurs de talent, comme Fabio Frizzi pour la musique (très belle), le chef opérateur Sergio Salvati et le maquilleur Gianetto de Rossi. Ils lui ont permis d'atteindre quelques sommets au cours de sa carrière.

Il s'est ainsi retrouvé dans une zone incertaine entre les maîtres du genre qui ont conquis l'ensemble des cinéphiles (John Carpenter, Wes Craven, Dario Argento, George Romero, Brian DePalma, David Cronenberg, Sam Raimi) et les tâcherons du gore à l'italienne (Umberto Lenzi, Ruggero Deodato, Lamberto Bava). A la différence des premiers, Fulci ne cultive ni références artistiques (comme Argento) ni théories scientifiques (Cronenberg), ni diatribe politique (Carpenter). Il s'est pourtant attaché à filmer des spectacles horribles sur plus de vingt-cinq ans faisant fi des modes alors que ses compatriotes tournaient indistinctement des westerns ou des ersatz de Mad Max et Les dents de la mer.

Aenigma (c) D.R.

Ce qui a intéressé Lucio Fulci c'est l'horreur elle même. Car aussi durs que soient ses films, ils ne sont pas complaisants. Le voyeurisme du spectateur n'est pas le principal intérêt (mais fait tout de même partie du jeu, bien entendu). Le gore n'est pas ici un simple racolage (contrairement à Cannibal holocaust où Deodato ne vise qu'à faire le film le plus malsain possible).

Ainsi, des films tels que Non si sevizia un paperino (1972), L'Aldila (1980) ou Quella villa accanto al cimitero (1981) soulèvent des terreurs profondes. La plupart des films de Lucio Fulci ont pour personnage récurrent un enfant confronté à des événements monstrueux qui peuvent venir de lui-même. Ce sont donc finalement d'étranges et très crus contes de fée; et il pourrait être passionnant d'envisager son œuvre par le biais de la psychanalyse.



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