Valentine Vidal et
Cyrille Thouvenin sont les deux jeunes figures du cinéma
français qui auront marqué les Rencontres internationales
de cinéma au Forum des Images pour le cru 2000. Deux
jeunes acteurs au parcours presque similaire, par le biais
étrange des synchronicités : une incarnation
frappante dans un téléfilm, un rôle au
cinéma, et une expérience théâtrale
préparant et fondant le tout. Sans oublier ce quelque
chose d'écorché vif en eux, là où
se joue le talent qui va leur permettre d'explorer le meilleur
de cette écorchure qui fait leur vivacité, en
la guérissant par la sublimation. Car le talent se
joue des blessures, mieux, il les assassine.
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Elle a 25 ans. Elle
a grandi dans le centre de la France, est venue à Paris
à 19 ans, a suivi des stages qui lui ont offert de
belles rencontres, décisives dans son désir
d'actrice : Bernadette Lafont, John Arnold, Ariane Mnouchkine
et le théâtre du Soleil. Elle sentait cette aspiration
depuis l'âge de 13-14 ans. Passionnée par le
théâtre de rue, elle a acquis de l'expérience
sur les routes et dans les groupes humains. Elle l'avoue avec
une étincelle dans le regard : sa source d'inspiration
essentielle, la vie elle-même
Il a 22 ans. Il vient du Nord-Est de la France, passe par
le cours Florent avant d'intégrer le Conservatoire
à Paris. Il ressent cette nécessité depuis
l'adolescence, et tente de la suivre avec une ardeur tremblante
de désir. Mélomane, il se réfère
à l'atmosphère onirique et décalée
de la chanteuse Tori Amos, en citant notamment le deuxième
titre du single Spark, intitulé Purple people.
Faut-il y trouver son Rosebud ? Qui sait. Les Chants de
Maldoror viennent aussi compléter ses fascinations
artistiques.
Leur point commun majeur : une chance mémorable d'interpréter
chacun un personnage révolté pour le petit écran
qui parfois vaut bien le grand, et c'est le cas ici. Valentine
Vidal a trouvé l'occasion rêvée de déployer
l'un des charmes de sa forte présence dans Mes 17
ans de Philippe Faucon, en juin 1996. Elle y est Barbara,
et c' est en nous touchant qu'elle nous séduit. Adolescente
en mal de vivre, elle sent que tout se détruit en elle,
autour d'elle, et le drame va s'infiltrer dans cette situation
envahie par une gangrène mentale et familiale, où
la mère, poignante Brigitte Roüan, ne sait plus
quels mots employer face aux maux de sa fille. Ce jeu de sonorités
n'est pas gratuit, au contraire, il résonne avec la
discordance flagrante qui régit hélas la plupart
des foyers en cette fin de millénaire. A la suite d'une
crise, Barbara est conduite dans un centre de repos pour jeunes
dépressifs. La spirale va soudain s'inverser définitivement
au dépens des protagonistes, pris dans les griffes
du virus H.I.V. Avec la rigueur de la simplicité, Philippe
Faucon développe une trame narrative efficace où
le pathétisme laisse place à une émotion
pure et crue. Cette histoire, librement inspirée du
récit de Barbara Samson, On n'est pas sérieux
quand on a dix-sept ans, a permis à l'équipe
du film de trouver une alchimie créatrice adéquate.
La sincérité induite dans la teneur du propos
donne une pertinence brillant dans le regard de Valentine
qui permet à Barbara de chercher un chemin, hésitant
souvent, zigzagant dans sa démarche, ne sachant pas
vraiment où aller, ni comment aller.
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