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Cyrille Thouvenin (c) D.R. VALENTINE VIDAL
& CYRILLE THOUVENIN

Double portrait pour un talent partagé
Par Richard DALLA ROSA


Valentine Vidal et Cyrille Thouvenin sont les deux jeunes figures du cinéma français qui auront marqué les Rencontres internationales de cinéma au Forum des Images pour le cru 2000. Deux jeunes acteurs au parcours presque similaire, par le biais étrange des synchronicités : une incarnation frappante dans un téléfilm, un rôle au cinéma, et une expérience théâtrale préparant et fondant le tout. Sans oublier ce quelque chose d'écorché vif en eux, là où se joue le talent qui va leur permettre d'explorer le meilleur de cette écorchure qui fait leur vivacité, en la guérissant par la sublimation. Car le talent se joue des blessures, mieux, il les assassine.

  Valentine Vidal (c) D.R.

Elle a 25 ans. Elle a grandi dans le centre de la France, est venue à Paris à 19 ans, a suivi des stages qui lui ont offert de belles rencontres, décisives dans son désir d'actrice : Bernadette Lafont, John Arnold, Ariane Mnouchkine et le théâtre du Soleil. Elle sentait cette aspiration depuis l'âge de 13-14 ans. Passionnée par le théâtre de rue, elle a acquis de l'expérience sur les routes et dans les groupes humains. Elle l'avoue avec une étincelle dans le regard : sa source d'inspiration essentielle, la vie elle-même

Il a 22 ans. Il vient du Nord-Est de la France, passe par le cours Florent avant d'intégrer le Conservatoire à Paris. Il ressent cette nécessité depuis l'adolescence, et tente de la suivre avec une ardeur tremblante de désir. Mélomane, il se réfère à l'atmosphère onirique et décalée de la chanteuse Tori Amos, en citant notamment le deuxième titre du single Spark, intitulé Purple people. Faut-il y trouver son Rosebud ? Qui sait. Les Chants de Maldoror viennent aussi compléter ses fascinations artistiques.

Leur point commun majeur : une chance mémorable d'interpréter chacun un personnage révolté pour le petit écran qui parfois vaut bien le grand, et c'est le cas ici. Valentine Vidal a trouvé l'occasion rêvée de déployer l'un des charmes de sa forte présence dans Mes 17 ans de Philippe Faucon, en juin 1996. Elle y est Barbara, et c' est en nous touchant qu'elle nous séduit. Adolescente en mal de vivre, elle sent que tout se détruit en elle, autour d'elle, et le drame va s'infiltrer dans cette situation envahie par une gangrène mentale et familiale, où la mère, poignante Brigitte Roüan, ne sait plus quels mots employer face aux maux de sa fille. Ce jeu de sonorités n'est pas gratuit, au contraire, il résonne avec la discordance flagrante qui régit hélas la plupart des foyers en cette fin de millénaire. A la suite d'une crise, Barbara est conduite dans un centre de repos pour jeunes dépressifs. La spirale va soudain s'inverser définitivement au dépens des protagonistes, pris dans les griffes du virus H.I.V. Avec la rigueur de la simplicité, Philippe Faucon développe une trame narrative efficace où le pathétisme laisse place à une émotion pure et crue. Cette histoire, librement inspirée du récit de Barbara Samson, On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans, a permis à l'équipe du film de trouver une alchimie créatrice adéquate. La sincérité induite dans la teneur du propos donne une pertinence brillant dans le regard de Valentine qui permet à Barbara de chercher un chemin, hésitant souvent, zigzagant dans sa démarche, ne sachant pas vraiment où aller, ni comment aller.