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Alice Carel (c) D.R. ALICE CAREL
Actrice
Par Richard DALLA ROSA


UN PORTRAIT A L’AVEUGLE

Difficile de joindre Alice Carel. Mais fascinant le souvenir qu’elle me laisse… Notre première rencontre s’exauça en 1992, dans les couloirs et les amphithéâtres de l’Université rémoise. Tous deux étudiants en Lettres, nous devions nous croiser. Nous avons réellement sympathisé au printemps 1994. Je lui ai écrit une nouvelle, un soir, avant une longue discussion téléphonique. Je pressentais l’intensité amicale et humaine de notre dialogue, et je désirais lui offrir quelque chose en retour. Ce fut La Nuit des heures, ultime histoire du recueil éponyme, histoire suscitée par elle, nécessité d’écriture mue par mon élan pour elle. Nous nous sommes revus en 1995, elle suivait les cours de théâtre du CROUS à Reims, et déjà elle brillait. Par son innocence face au jeu, une innocence qui savait. Puis un soir d’octobre 1997, je l’ai retrouvée à la Comédie de Reims, où elle jouait avec une lucidité joyeuse le Fou dans La nuit des rois  de Shakespeare. Enfin, en mars 1999, au théâtre de l’Institut de la Marionnette à Charleville, dans L’amour, champs de bataille, donnant la parole à des textes de Heiner Müller, ainsi qu’au mois de juillet de la même année, au théâtre de l’île Saint-Louis à Paris, dans La princesse Maleine  de Maeterlinck, où elle irradiait littéralement et physiquement une force divinement humaine : l’accomplissement de soi. Cette année, la surprise fut à la hauteur de sa fortune : elle apparaît dans les dernières scènes du film de Zulawski, La fidélité, où elle incarne la jeune servante qui fait tourner la tête au frère ecclésiaste du formidable Pascal Greggory…


LE FABULEUX DESTIN D'ALICE CAREL

Parmi la série de courts métrages diffusés dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs 2001 du Festival de Cannes, l'un d'entre eux est sorti du lot en échappant à la bonhomie ou au maniérisme des autres : On s'embrasse ?, de Pierre Olivier, réalisateur-pygmalion d'Alice Carel jouant sa vie d'actrice dans cette fiction qui, par une subtile mise en abîme, est la sienne. On l'avait vue traverser une scène dans L'envol de Steve Suissa, producteur du présent court métrage. Et quel rôle jouait-elle alors, en second plan ? Une jeune femme répondant à un casting.

En voyant Alice, on pense à l'improbable petite sœur de Mia Farrow et de Jane Birkin si ces deux-là étaient elles-mêmes du même sang. Mais n'est-ce pas Juliette Binoche qui disait, en présidant la cérémonie des César en 1994, que les actrices et les acteurs étaient tous frères et sœurs ? Juliette Binoche qui jouait elle aussi son propre rôle de comédienne dans Rendez vous de Téchiné ? La mise en abîme vaut également pour Romy Schneider, dans L'important c'est d'aimer : encore un lien avec Alice, qui a tourné avec le même Zulawski dans La Fidélité, en incarnant un rôle secondaire et fugace comme une comète aveuglante, celui de la domestique dont s'entiche le frère ecclésiaste de Pascal Greggory, à la fin du film.

Alice Carel mérite en tout cas ce scénario de court métrage où se joue sa vie à venir, scénario qui s'adapte parfaitement à la narration courte (à l'instar de la nouvelle en littérature), puisque l'histoire est construite selon trois modes précis : l'économie (de plans), la densité (de l'émotion), et la suggestion (de la chute). Justement, une narration est d'autant plus ramassée qu'elle nécessite un effet final : on appelle ça une pointe en littérature. Aussi peut-on constater que l'intelligence du récit mène le spectateur dans une intrigue réellement intrigante, notamment par l'effet de mise en abîme inhérent au scénario même – la répétition improvisée de la jeune actrice au café avec un quidam qui est beaucoup plus à même qu'on ne croie de lui rendre la réplique - et cette intelligence, on l'espère, donnera lieu à d'autres mariages aussi pertinents entre la comédie et la tragédie, union incarnée comme jamais dans le jeu de cette comédienne dont le nom sonne comme un fabuleux destin, j'ai nommé Alice Carel.

Un jour, nous la regarderons avec une chanson d’Edith Piaf dans la tête, et en partageant la musique épanouie de sa vie.




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