Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     




 

 

 

 

 
27e Festival International du Film de La Rochelle (c) D.R. JEAN-LOUP PASSEK
L'éveilleur
Par Bernard PAYEN


Rencontre avec des hommes remarquables ... On peut paraphraser le titre du film de Peter Brook d’après Gurdjieff pour donner le ton à cette introduction. L’argument principal du film (la marche initiatique de l’auteur vers la connaissance) pourrait tout à fait convenir à notre propos.

On les appelle des éveilleurs. Ces garnements insatiables ont la sagesse des grands découvreurs et l'attention particulière qui les fait devenir un jour passeurs d'émotions. A l'heure où la frange singulière du cinéma risque quotidiennement sa peau à se frotter au puissant capital, à l'heure où l'on ne sait plus où se nichent les images indépendantes et sans concessions, à l'heure où la nécessité d'une altérité se fait violemment remettre en doute dans notre société, le besoin de résistance devient urgent. Cette lutte passe par l'écoute de ces (é)veilleurs dont la rareté nous effraie.

Les militants du cinéma avaient hier Henri Langlois. Nous avons aujourd'hui Jean-Loup Passek, l'autre montreur de films, qui depuis vingt-cinq ans, en montrant les images du monde entier, a formé consciemment ou non, des générations entières d'amateurs de cinéma. Il les a ouverts au monde en créant un rapport original entre le spectateur et le créateur. Passek a créé un nouveau pont entre l'oeuvre et le spectateur. Langlois avait posé les jalons d'un nouveau rapport au cinéma, Passek a continué l'aventure en créant les conditions favorables à un nouveau rapport au monde, via les cinématographies étrangères.

Il dépasse donc le cadre de la simple cinéphilie, celle qui se mesure par exemple à la fréquentation de la Cinémathèque Française, en proposant une approche du cinéma plus singulière, par l’organisation de grandes rétrospectives par pays au Centre Pompidou. A travers le cinéma, se voit l'histoire de la société du pays qui a produit l’œuvre, du réalisateur qui l'a créée.

Avec la création du festival de La Rochelle en 1972, puis la création de la cellule cinéma du Centre Georges Pompidou en 1978, il a été fidèle à deux principes primordiaux : "avoir la curiosité à la boutonnière" et garder la mémoire du cinéma. Celle que l'on se plaît aujourd'hui à dilapider ou à effacer.

Quelques personnes aimeraient bien rayer Passek de la carte du cinéma, ce qui serait un comble pour un géographe de formation ! On n'a jamais trop bien compris pourquoi son travail était aussi peu reconnu, pourquoi la presse n'en parlait pas beaucoup. Bien sûr, l'homme est râleur et intransigeant : ce sont des qualités nécessaires pour la lutte en faveur d'une indépendance dont le cinéma a toujours eu besoin, sous peine de disparaître. La bougonnerie n'est qu'une apparence. Préférons ce que l'homme a fait, plutôt que ce qu'il laisse paraître.




Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir