PERFECTION AU MASCULIN
Peut-être même
que ce physique si avantageux aura joué en sa défaveur
à ses débuts. Sa bouille d’adolescent éternel
le confine à des rôles peu intéressants
de beau gosse potiche comme dans Mystic Pizza avec
Julia Roberts ou de soldat un peu niais dans A l’épreuve
du feu ou Il faut sauver le soldat Ryan.
Pourtant Matt Damon a bien
plus d’un tour dans son sac. Lorsqu’il s’impose avec Good
Will Hunting en 1998, c’est avec un scénario personnel
qu’il a écrit et répété avec son
pote Ben Affleck pendant des années, mais cette histoire-là,
on la connaît déjà… C’est le jackpot,
les oscars, la gloire immédiate. Il tourne avec Spielberg,
Coppola, et n’importe qui d’autre se serait fait happé
par les sirènes du marketing avec ce vent de succès
qui soufflait sur sa destinée.
Mais Matt Damon est un homme
intègre, fidèle en amitié comme dans
son travail, il est reconnaissant envers ceux qui l’ont fait
connaître et notamment Gus Van Sant et Kevin Smith de
la " bande " qu’ils forment avec les frères
Affleck. Il accepte de nombreuses participations dans les
films plus modestes de ces metteurs en scène, même
après avoir acquis son statut de star. Un fair-play
qui laisse pantois.
Ses rôles, Matt Damon
les sélectionne avec rigueur. S’il s’autorise régulièrement
une petite pantalonnade commerciale, c’est toujours entre
de bonnes mains, comme pour La Légende de Bagger
Vance de Robert Redford ou Ocean’s eleven
de Steven Soderberg. A côté de ça, il
interprète magistralement un personnage très
complexe, celui de Tom Ripley dans Le Talentueux Mr Ripley
d’Anthony Minghella.
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Ce qui fait que Matt Damon
est vraiment un acteur hors du commun, c’est qu’il ne se contente
pas de squatter confortablement le système hollywoodien
mais qu’il utilise sa notoriété pour faire exister
des œuvres beaucoup plus exigeantes. Il l'a déjà
prouvé en acceptant des films à petit budget
comme Les Joueurs de John Dahl. Mais s'il est à
Deauville cette année, c'est pour présenter
un excellent film de studio : La Mémoire dans la
peau. Bien sûr le film n’est pas révolutionnaire,
mais il a beaucoup plus de pêche que la plupart des
autres blockbusters de cet été (notamment que
La Somme de toutes les peurs avec Ben Affleck). Ce
genre de projets lui permet d’investir son propre argent dans
une production comme Gerry de Gus Van Sant, présenté
à Deauville le lendemain de La Mémoire dans
la peau, où il s’implique à tous
les niveaux.
Voir les deux films d’affilée
permet de se rendre compte à quel point Matt Damon
est un personnage d’envergure. Un soir c’est le strass et
les paillettes, la qualité en plus, le lendemain, c’est
la recherche esthétique, l’investissement artistique.
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