Avec ses fines tresses qui dégoulinent
joyeusement sur ses épaules, la réalisatrice de Thirteen
évoque tout de suite un des personnages de son film :
Mélanie (interprété par Holly Hunter), la jeune et jolie mère
célibataire qu’on aurait tous aimé avoir, plutôt grande sœur
que marâtre.
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L’apparence de la décontraction même,
façon seventies. Le soir, lors de la soirée donnée en l’honneur
du pétillant Bye Bye Love, on la verra d’ailleurs
entraîner Peyton Reed sur la piste de danse, au son du disco,
ignorant volontairement les frontières du carré VIP.
Pourtant, le choix d’un tel sujet pour un premier long-métrage,
l’histoire d’une adolescente en chute libre, laisse présager
qu’il y a autre chose à voir chez cette jeune femme poliment
gaie.
Venue de l’architecture, elle a suivi les cours de la prestigieuse
école de cinéma de l’UCLA, et réalisé là-bas ses premiers
courts-métrages, avant de créer les décors de plus de vingt
longs métrages dont les Rois du désert de David O.
Russel, Vanilla Sky de Cameron Crowe, Mad City
de Costa Gavras et de passer elle même derrière la caméra,
avec 13.
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Parce qu’elle voulait aider une jeune
adolescente de sa connaissance à ne pas tomber dans les
dérives qu’illustre le film, Catherine lui a proposé d’écrire
un scénario, et de le tourner, sans jamais se préoccuper
de ce qu’on pourrait penser.
Parce qu’elle tenait à son projet et pas seulement pour
elle, mais aussi pour cette jeune fille : Nikki Reed,
Catherine Hardwicke a su forcer toutes les portes, de celles
des producteurs à celle d’Holly Hunter pour qui elle modifia
humblement le scénario en seulement vingt-quatre heures.
C’est donc avant tout une grande force qui se dégage de
ce petit bout de femme, une frénésie même, quand elle raconte
ce tournage « commando » où une équipe en majorité
féminine fut amenée à filmer, parfois sans autorisation,
avec les moyens du bord.
Profondément humaniste et touchante, Catherine Hardwicke
est comme son film, qui nous étouffe autant qu’il nous bouleverse
quand elle nous révèle, le sourire tristement sage, que
le public américain a trouvé le résultat encore trop édulcoré
par rapport à la réalité.