THE BROWN VINCENT
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Lors du Festival de Cannes 2003, à l’issue
de la houleuse projection de presse de The Brown Bunny,
le deuxième long-métrage de Vincent Gallo, un journaliste
clamait sa consternation : « Ce n’est pas un
film, c’est une œuvre d’art ! ». Il ne croyait pas
si bien dire. Mais si The Brown Bunny décontenance
autant qu’il émeut, on n’affirmera pas pour autant qu’il est
hermétique ou figé, comme le laissait entendre avec perfidie
ce critique de cinéma. Gallo, l’acteur génial, fiévreux et
passionné découvert au cinéma chez Ferrara et Kusturica, passé
à la réalisation en 1998 (Buffalo 66’) signe ce film
entièrement (production, réalisation, montage, etc). Au risque
de basculer dans le cliché du narcissisme, du type égoïste
qui se fait plaisir en ne filmant que ce qu’il aime. Avec
aussi le risque heureux d’une maîtrise totale. Nonchalance
et parti pris radicaux compris.
The Brown Bunny est un film sur le deuil d’un homme,
motocycliste professionnel, qui erre entre deux courses sur
les routes américaines. En quête d’un désir définitivement
perdu, il croise des femmes, caresse leurs visages, les embrasse
avant de les délaisser aussitôt. On ne comprendra que dans
les toutes dernières minutes, pourquoi son âme est en peine.
Les trois quarts du film sont faits de silences, de plans
vides étirés. Si l’on ne s’en tenait qu’aux apparences, on
pourrait dire que Vincent Gallo, avec sa gueule d’ange maléfique,
s’est brûlé les ailes à Cannes, en présentant un drôle objet
cinématographique déconcertant pour les uns, outrageux pour
les autres, attisant parfois une haine insidieuse, voire une
jalousie tenace. Mais il en faut plus pour Gallo, 41 ans,
artiste total, qui se vante volontiers d’avoir déjà vécu une
centaine de vies et se plait à entretenir sa légende. Parmi
les faits d’armes de ce Liberty Valance contemporain, on rappellera
sa passion inexorable pour la peinture et la musique, sa participation
à une flopée de groupes underground (The Plastics, Gray, où
jouait aussi le peintre Jean-Michel Basquiat -, ou encore
Bunny (déjà !) assez récemment), producteur d’un show
télé (« Graffiti Rock »), adepte de Formule 2 moto,
modèle pour Richard Avedon (pub Calvin Klein), auteur de deux
albums solo (dont le très bon When), collectionneur
de 10 000 disques, objet de fantasmes féminins (Cat Power
lui a consacré une chanson (Mr Gallo) sur leur album
Dear Sir, Claire Denis s’est entiché de lui pour quelques
films) et républicain conservateur autoproclamé (!).
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Comment appréhender ce garçon protéiforme
et insaisissable, en permanence sur le fil du rasoir ?
Les deux films qu’il a réalisés apportent des réponses. D’abord
ce Brown Bunny où Gallo se met littéralement à nu,
habité par une mélancolie profonde. Mais surtout Buffalo
66, où son personnage, Billy Brown (son patronyme fétiche
qu’il porte aussi dans Us Go Home et Nénette et
Boni de Claire Denis), sorti de prison, enlève une
jeune fille qu’il présente à ses parents comme sa fiancée.
Pure fiction située dans sa ville natale, Buffalo 66
est aussi un faux film autobiographique dont l’histoire secrète
serait celle d’un garçon sur le point de devenir adulte. Un
moment éphémère de la vie qui ne semble jamais devoir s’arrêter
pour Vincent Gallo.
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Réalisateur
2003
Brown bunny (The Brown bunny) avec Vincent
Gallo
1998
Buffalo'66 avec Vincent Gallo, Christina
Ricci
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Acteur
2003 The Tulse Luper
suitcases de Peter Greenaway avec J.J. Feild
2003 Brown bunny
(The Brown bunny) avec Vincent Gallo
2001 Trouble every
day de Claire Denis avec Vincent Gallo
1999 Cord (Tripwire)
de Sidney J. Furie avec Daryl Hannah, Jennifer
Tilly
1998 I Love L. A.
(L.A. without a map) de Mika Kaurismäki
1998 Buffalo'66
avec Vincent Gallo, Christina Ricci
1997 La Derniere
Cavale de Kiefer Sutherland avec Kiefer Sutherland
1997 Les Amateurs
(Palookaville) de Alan Taylor
1996 Nos funérailles
(The Funeral) de Abel Ferrara
1996 Nénette et Boni
de Claire Denis avec Alice Houri, Grégoire
Colin
1994 US go Home de
Claire Denis avec Alice Houri, Jessica Tharaud
1993 La Maison aux
esprits de Bille August avec Meryl Streep
1992 Arizona Dream
de Emir Kusturica avec Jerry Lewis, Faye Dunaway
1991 Alex (A Idade
Maior) de Teresa Villaverde avec Ricardo Colares
1991 Keep it for
Yourself de Claire Denis avec Sophie Simon
1987 Doc's Kingdom
de Robert Kramer avec Ruy Furtado, Paul McIsaac
1984 The Way it is
de Eric Mitchell avec Vincent Gallo, Steve
Buscemi
La Robe a cerceaux
de Claire Denis avec Sophie Simon
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Compositeur
1998
Buffalo'66 avec Vincent Gallo, Christina
Ricci
1984 The Way it is
de Eric Mitchell avec Vincent Gallo, Steve
Buscemi
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