Laura Smet a de qui tenir. La fille de Johnny et de Nathalie
Baye vient d’obtenir le prix Romy Schneider qui récompense
la jeune actrice la plus talentueuse de l’année, pour son
interprétation bouleversante dans Les corps impatients,
son premier film. Elle n’a que vingt ans, et à la façon dont
elle crève l’écran, on peut dire sans se tromper que cette
jeune fille qui voulait être agent artistique a l’avenir prometteur.
Quand elle a lu le scénario des Corps
impatients, Laura était sur une plage, à des années
lumière de cette histoire terrible. Le premier film de Xavier
Giannoli, qui lui a aussi valu une nomination aux César’,
n’est pas prêt de la quitter. Charlotte et Paul sont jeunes
et s’aiment comme on s’aime quand on a vingt ans. Mais ils
apprennent que Charlotte est malade : les traitements
sont violents, l’amour de Charlotte devient urgent, désespéré
au point de pousser son homme dans les bras de la fraîche
Ninon, sa cousine pleine de vie. Le désir, l’amour, la mort
forment un trio infernal, d’une violence d’autant plus crue
qu’elle est filmée en caméra DV, au plus près de l’émotion
à l’état brut. Sur le tournage, tandis que le jeune réalisateur
faisait ses preuves, le personnage de Charlotte apprenait
qu’une maladie allait changer sa vie, et Laura qui rencontrait
la caméra pour la première fois, se découvrait comédienne…
« Incarner une fille atteinte d’un cancer, se raser
la tête pour ce rôle, c’était créer l’émotion à coup sûr…
et puis Nicolas Duvauchelle et Marie Denarnaud, les autres
acteurs, plus expérimentés, m’ont beaucoup aidée »,
raconte-elle, en jean et baskets Converse, avec la modestie
de ceux qui ont peine à croire à leur talent. Pourtant la
critique est unanime : Laura Smet a une présence, un
charisme qui lui permet de faire passer beaucoup d’émotion
sans en faire des tonnes. Il lui en reste du chemin à faire,
selon elle. Ce premier film, c’était presque de l’improvisation,
elle a été Charlotte plus qu’elle ne l’a joué, et ce avec
la confiance et l’inconscience des débutants. Le travail
a été tout autre pour La femme de Gilles, le film
de Fédéric Fonteyne qu’elle vient de finir de tourner. Elle
y joue aux côtés de Clovis Cornillac et Emmanuelle Devos
une histoire d’amour qui se déroule dans le milieu ouvrier
des années trente, une fresque historique plus qu’une histoire,
baignée d’une douceur qui n’a plus rien à voir avec son
premier film.