LE
CINEMA DOIT RESTER UN ART MYSTERIEUX
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Depuis Eyes
Wide Shut en 1999, Nicole Kidman est devenue une véritable
icône du cinéma hollywoodien. Crescendo, les prestations
de l’actrice font sensation de Moulin rouge de Baz
Luhrman, aux Autres d’Alejandro Amenabar en passant
par Les Heures de Stephen Daldry (qui lui valut l’Oscar
du meilleur second rôle féminin en 2003). Inutile de dire
que « la » star attendue cette année à Venise,
c’était elle et personne d’autre.
Fine et élancée, l’interprète du controversé Birth,
entre dans la salle de conférence de presse de la Mostra
avec une sorte de grâce ingénue. La salle pleine à craquer
l’applaudit à tout rompre. Ce teint diaphane, cette chevelure
blonde sagement retenue par un microscopique serre-tête
noir, ces jambes interminables et cette taille de guêpe,
la fragilité de ces traits et l’impression pourtant persistante
d’un sens inné du self control, tout ceci contribue à fasciner
l’assistance qui en oublierait pour un peu d’ovationner
la mythique Lauren Bacall, qui vient tout juste de faire
son entrée.
Nicole Kidman prend tout de suite part à la standing ovation
dédiée à une Bacall gênée mais rose de plaisir. D’une génération
à l’autre, la cour des « grandes » est bien là,
sous nos yeux que l’on n’arrête pas de frotter pour mieux
y croire.
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Birth,
à Venise comme à Deauville, n’a suscité guère d’enthousiasme
malgré toute la polémique créée autour d’une scène où Kidman
embrasse avec passion un enfant de dix ans, censé être la
réincarnation de son mari disparu. « Cette femme
en deuil, c’est cela, selon moi le vrai thème du film. C’est
ce qui m’a fait accepter le rôle tout de suite, comme un
déclic, en cinq minutes. En plus, je sentais que c’était
le bon moment pour moi, d’aborder ce type de personnage. »
Impulsive peut-être, passionnée sûrement, Nicole Kidman
avoue sa relation privilégiée avec la musique pour préparer
ses rôles : « La musique a quelque chose de
plus que les mots, c’est pour moi un enclencheur. J’écoute
souvent de la musique, ce qui va infléchir mon humeur et
ma façon d’entrer en relation avec le monde »,
nous confie t-elle d’un sourire presque gêné de ne parler
que d’elle-même. Puis enhardie par le silence attentif de
la salle, Nicole Kidman ajoute : « Mais en
tant qu’acteur, je pense qu’ il ne faut pas trop dire ses
méthodes, autrement on se dépouille. Ce n’est plus de l’art. »
Il est curieux que la belle utilise au masculin ce terme
d’acteur, qui est finalement au sens large sa propre conception
du métier, une sorte d’éthique à respecter.