La fusion des corps
et des éléments naturels opère aussi à travers ces regards
échangés sans un mot, au-delà des dialectes, dans cette universalité
généreuse qu'est le corps. Et le montage cinématographique.
Raccorder, accorder, l'impossible. Le corps de la musique
principale (de Francis Bebey) exécute elle aussi ici ce lien
corporel constant et transitoire, et exprime dans deux gammes
les mêmes notes, comme un effet de miroir. L'Autre, ce regard,
l'Autre, cet étranger familier, l'Autre ce territoire intime
à explorer.
Yaaba reste comme un récit initiatique drôle et émouvant,
celui d'enfants et d'adultes perdus, chassés puis réunis dans
la lenteur de l'Afrique, cette lenteur prégnante qu'on emporte
avec soi. Yaaba d'Idrissa Ouedraogo est un hymne à
la vie qui, avec le temps, va gagner en aura, en magie et
en influence. Ne plus jamais dire « cinéma de cases », mais
films de regards, films d'ouvertures.
1) Idrissa
Ouedraogo est né en 1954 au Burkina Faso, écrit
un DEA à Paris 1 et entre à l'Idhec. Il est ensuite
lauréat du grand prix du court-métrage Fespaco,
prix de la critique internationale, mention spéciale
de l'Institut Culturel Africain (pour son film
Poco, 1981), prix Kodak musée de l'homme,
grand prix documentaire à Melbourne, prix de la
fédération internationale des ciné-clubs d'Oberhausen,
grand prix du court-métrage à Nevers (pour Les
écuelles, 1983), prix de l'institut culturel
africain, prix de l'agence de coopération culturelle
et technique, prix de la critique internationale
(pour Issa le tisserand, 1985), prix Georges
Sadoul, prix de l'OCIC, prix du 7e art, prix de
l'Unicef, prix de la ville de Ouagadougou, prix
Oua (Tunisie), prix du Cierto, prix Unesco, Corride
d'argent de Taormina (pour Yam Daabo, 1986), prix
spécial du jury et prix du public Fespaco, prix
de la critique internationale (pour Yaaba,
1989), prix Afrique, grand prix du jury à Cannes,
prix Ocic, grand prix Fespaco (pour Tilai,
1990), Tanit d'argent de Carthage, Ours d'argent
à Berlin (pour Samba Traore, 1992). Idrissa
Ouedraogo est aujourd'hui commandeur de l'ordre
national burkinabè et chevalier de l'ordre des
arts et des lettres françaises.
2) Propos recueillis
par Laurent Devannen le 12 mars 1998 à 9h au Café
de l'Observatoire de Paris (France).
2003La
Colère des dieux, avec Barou Oumar Ouedraogo,
R. Ouedraogo 2002 11'09''01
september 11 avec Maryam Karimi, Emmanuelle
Laborit 1997Kini et
Adams, avec John Kani, Vusi Kunene 1995 Lumière
et compagnie avec Pernilla August, Romane
Bohringer 1994Le Cri
du cœur, avec Richard Bohringer, Clémentine
Célarié 1994Afrique,
mon Afrique 1992Samba Traore,
avec Mariam Kaba, Bakary Sangare 1990 Tilai,
avec Rasmané Ouedraogo, Roukietou Barry 1990A Karim
na Sala, avec Noufou Ouedraogo, Roukietou
Barry 1989Yaaba,
avec Fatimata Sanga, Noufou Ouedraogo 1987Yam Daabo
/ le choix de I. Ouedraogo avec A. Guiraud,
M. Bologo 1986 Ouagadougou,
ouaga deux roues 1986 Tenga 1985 Issa le
tisserand 1983Terres
africaines, Initiations, de Idrissa Ouedraogo,
Issiaka Konate 1983Les
Ecuelles 1966Terres
africaines V: le retour d'un aventurier
de Idrissa Ouedraogo