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                  L’apport poétique de Prévert à l’univers de Grimault a été 
                    déterminant. Grâce à Prévert, le cinéaste gagne en densité 
                    narrative. C’est avec lui qu’il atteint ce parfait équilibre 
                    entre la satire, l’humour et l’émotion. Avant Le Roi et 
                    l’Oiseau, ces thèmes étaient présents séparément dans 
                    ses films. Dans Le Petit Soldat, c’est l’émotion poétique 
                    qui ressort, tandis que dans les courts-métrages tournés entre 
                    1957 et 1973, c’est l’humour et la satire qui prévalent. 
                     
                    La contribution de Jacques Prévert aux films de Paul Grimault 
                    se retrouve aussi au niveau de la thématique du Bien et du 
                    Mal et de l’exaltation des puissances vitales déjà présentes 
                    dans les premiers films de Grimault et qui prennent dans le 
                    Roi et l’Oiseau un sens plus directement politique. 
                     
                    Les figures du Mal sont nombreuses : le vilain barbu 
                    dans Monsieur Pipe ; un vautour géant dans Gô 
                    chez les oiseaux, le félin démoniaque dans L’Epouvantail, 
                    le roi tyrannique du Roi et L’Oiseau. Heureusement, on trouve 
                    toujours des complicités salutaires comme celle d’un oiseau 
                    multicolore ou d’une mélodie magique. 
                   
                  
                     
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                  Grimault et Prévert avaient donc des affinités évidentes 
                    qui s’exprimaient pleinement dans les deux films où ils ont 
                    collaboré mais surtout dans Le Roi et l’Oiseau. Une 
                    fraternité de pensée et de sensibilité que Georges Franju 
                    résumait ainsi : « Ils pouvaient se passer l’un 
                    de l’autre mais leur travail est superbe parce qu’il est fraternel. 
                    Il y a un courant affectif qui passe de l’un à l’autre, chacun 
                    a bénéficié du talent et du génie de l’autre. » 
                     
                    Le Roi et l’Oiseau est une réussite cinématographique 
                    qui doit beaucoup aux deux visions fantasques et poétiques 
                    de Prévert et Grimault. Une poésie qui atteint ici une formidable 
                    plénitude plastique et crée un réel enchantement des sens. 
                     
                     
                    LA RESTAURATION DU FILM 
                     
                    La Renaissance du chef d’œuvre en 2003 
                     
                    Pour sa ressortie en salle, Le Roi et l’Oiseau 
                    a été restauré sous l’égide du studio Canal par l’équipe de 
                    Béatrice Valbin. Une restauration photochimique et numérique 
                    du négatif qui était plus que nécessaire puisque la pellicule 
                    vieille de plus d’un demi siècle et comportant en partie des 
                    images nitrates commençait à se décomposer. 
                     
                    J’ai moi-même pu constater à quel point le négatif du film 
                    était détérioré lors d’une projection pendant le festival 
                    Travelling de Rennes en 1999. La copie présentée était dotée 
                    d’un son épouvantable : des voix criardes qui rendaient 
                    les personnages insupportables, une musique presque discordante, 
                    sans compter les couleurs affadies. Le Roi et l’Oiseau 
                    était devenu un chez d’œuvre massacré par le temps. 
                     
                    Une œuvre essentielle du patrimoine désormais sauvegardée 
                    et restituée dans une qualité parfaite : un son limpide 
                    et clair et des couleurs vives qui redonnent vie aux personnages. 
                    Le Roi et l’Oiseau renaît une deuxième fois et toutes 
                    les générations peuvent désormais apprécier à sa juste valeur 
                    ce trésor de l’animation française. 
                     
                     
                   
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