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Tony Leung (c) D.R.
Objectif Cinéma : Dans le film, vous semblez être et non pas jouer. Comme certains acteurs américains tels Gary Cooper qui ne " jouait " pas mais ne faisait que passer.

Tony Leung : Je pense que Won Kar-wai a remarqué chez moi un trait secret de ma personnalité et qu'il a voulu en jouer, du moins l'utiliser comme matériau. Je suis très timide dans la vie courante et le personnage que j'interprète dans In the mood for love m'est identique. Je le connais.


Objectif Cinéma : Chow c'est vous ?

Tony Leung : Oui, je suis Chow.


Objectif Cinéma : Le plus frappant, c'est la différence de jeu des deux personnages dans le film. Maggie Cheung est Su Li-zhen, une femme amoureuse et déchue, traversée d'émotions fortes et votre personnage Chow, est lui aussi touché par la douleur d'aimer : il offre un visage lisse. Vous semblez pratiquer "l'underplaying" ("en dessous du jeu").

Tony Leung : Je voulais jouer le personnage tel quel. Sans émotions aucunes. Un visage où l'on ne voit rien, ni expressions, ni sentiments. Il m'est très difficile d'exprimer visiblement des émotions, à visage découvert.

En outre, Chow est pourrait-on dire un mauvais garçon, un "bad guy" qui doit sûrement cacher une faute ou un passé douteux. Alors je devais jouer en surface et faire en sorte qu'il cache le plus possible ses sentiments.


  Tony Leung (c) D.R.
Objectif Cinéma : Comment parvenir à situer votre personnage dans un temps de plus en plus étiré, comme en témoigne l'usage récurrent du ralenti ?

Tony Leung : Je ne savais pas que le film adopterait ce tempo particulier, de même que la musique aurait un rôle important pour le rythme du récit. Je me fiais aux décors, à ma partenaire, aux gestes à faire.


Objectif Cinéma : Le film offre une historicité pertinente, notamment dans la volonté du cinéaste de situer son récit à une époque datée, de 1962 à 1966 comme avec l'insert historique du voyage de Charles de Gaulle, président français rendant visite à la Chine.

Tony Leung : Je dois vous avouer mon incapacité à vous parler du voyage du président français, je n'ai pas suffisamment de références ni d'explications. En revanche, l'époque du film me touche, car la première fois où je suis arrivé sur le plateau, j'ai éprouvé un véritable choc. J'ai reconnu les lieux de mon enfance. Je retrouvais les mêmes immeubles, les mêmes escaliers où l'on vivait tous ensemble, les portes toujours ouvertes. Ce décor me ramenait à une époque révolue pour moi. Aujourd'hui, je suis incapable de vous donner le nom de mes voisins, je ne les connais pas. Alors que petit, je les connaissais tous, on était plus proche. Je le regrette maintenant.