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Objectif
Cinéma : Vous
semblez accorder une grande importance à l’inscription
du festival dans la ville, à vous adresser au public
de Belfort.
Bernard Bénoliel :
Cela a toujours été le cas, mais cela a été
insuffisamment travaillé. C’est toujours pareil :
les Groupes Medvedkine sont plus connus à la Cinémathèque
qu’à Belfort ! Le festival a sans doute plus d’impact
en dehors de Belfort : il y a par exemple encore des
gens à Belfort qui ne savent toujours pas ce qu’on
présente à EntreVues, alors que c’est à
eux de s’emparer du festival. Mais là aussi, c’est
un travail de terrain qui nécessite des moyens. De
la même façon, à la Cinémathèque,
on devrait pouvoir dire aux petits Parisiens : " La
Cinémathèque, c’est pour vous, ce n’est pas
un club privé, c’est un cinéma. La seule différence,
c’est que le programme change tous les jours, et que c’est
moins cher qu’une place normale... "
Objectif Cinéma :
Comment s’est créé le département de
la Diffusion culturelle de la Cinémathèque Française ?
Bernard Bénoliel :
Au début des années 90. Il s’est alors beaucoup
développé sous la responsabilité d’une
personne, Alain Marchand. A sa mort, Dominique Païni
m’a proposé ce poste. Par conséquent, avant
de prendre en charge EntreVues en 2001, j’ai été
sensibilisé pendant deux ou trois ans à la question
des festivals, avec qui je suis en contact permanent.
La mission de la Diffusion Culturelle, indépendamment
du travail avec les cinémathèques, c’est vraiment
d’aider les festivals. En leur prêtant des copies issues
des collections de la Cinémathèque Française,
ou en ayant une fenêtre de programmation (une séance,
une programmation complète) dans leur manifestation.
Le service de la Diffusion culturelle permet alors de montrer
les films en dehors des deux salles parisiennes (Chaillot
et Grands Boulevards).
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Objectif
Cinéma : Comment
la Diffusion répond-elle à la demande ?
Bernard Bénoliel :
Très souvent, nous ne faisons que répondre
à la demande - qui est énorme - parce que
nous n’avons pas le temps de faire plus que cela. Quand
on a plus de temps, on essaie d’initier les choses, on re-contacte
par exemple des lieux avec qui on a de bonnes relations,
pour leur proposer par exemple la présentation de
films restaurés récemment.
Objectif Cinéma :
La mission du département,
c’est aussi l’accompagnement des films ?
Bernard Bénoliel :
Absolument. Mais nous ne sommes pas assez nombreux dans
le service. Il faudrait pouvoir justement, " lever
la tête du guidon ", et non seulement initier
davantage de projets, mais aussi aller sur le terrain pour
montrer des films. Je suis convaincu de la nécessité
de présenter les films, donner deux ou trois pistes
de compréhension. Cela rapproche les spectateurs
des films qu’ils vont voir. Je me souviens avoir présenté
ainsi Haut les mains l’année dernière
à Belfort : " Je vous préviens,
ce que vous allez voir est bizarre. Et si vous éprouvez
du bizarre, c’est normal ". C’est tout !
Leur indiquer ce qu’ils vont éprouver ne signifie
pas pointer du doigt une supposée infériorité
culturelle. Cela veut juste les prévenir que ce " bizarre "
qu’ils vont ressentir est normal. Cela les aide à
accepter l’étrangeté du film. Sinon, au bout
de 10 minutes, ils se disent " mais c’est quoi
cette merde ! "