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Les Triplettes de Belleville (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment gérer l’animation par rapport à la musique ?

Jean Christophe Lie : Benoît Charest a composé la bande son. On recevait ce que l’on appelle une détection sonore où tous les principaux mouvements musicaux sont inscrits sur une feuille d’exposition comme on peut retrouver pour les dialogues sur un dessin animé classique. Ce document nous permet de nous repérer pour faire les danses que ce soit pour la scène sous le pont ou celle du concert.


Objectif Cinéma : Est-ce difficile d’animer des personnages sur ce type de musique ?

Jean Christophe Lie : Oui, ça demande plus de temps, c’est plus difficile mais en même temps c’est  aussi plus intéressant car on a un résultat immédiat.


Objectif Cinéma : Est-ce que l’absence de dialogues a eu une influence sur la gestuelle des personnages, sur la manière de les animer ?

Jean Christophe Lie : Oui c’était assez intéressant parce que justement on axe tout sur la gestuelle. Le parti pris intéressant qu’il y a eu dans ce film, c’est que Sylvain ne voulait pas du tout une animation facile, caricaturale, très théâtrale comme le mime. Il voulait pour ses personnages des façons de se déplacer trés naturelles. Etant donné qu’il n’y avait pas de dialogues, il fallait faire passer les interactions entre les personnages autrement, par la gestuelle tout en gardant un mouvement très naturel et ça c’était vraiment captivant à faire.


  Les Triplettes de Belleville (c) D.R.

Objectif Cinéma : Pensez vous que le film s’adresse uniquement à un public adulte ?

Jean Christophe Lie : Quand je regarde dans les magazines de sorties de films, je vois à partir de 10 ans, c’est une bonne tranche d’âge. C’est vrai que pour les petits, c’est quand même un film d’auteur, une ambiance assez particulière, un graphisme assez expressionniste qui peut les rebuter. Des adolescents peuvent s’y intéresser mais c’est aussi un genre c'est-à-dire que ce n’est pas du manga, du japonais, des graphismes qui plaisent à des ados mais j’ai vu quand même pas mal de jeunes enfants qui se sont bien éclatés sur le film. Donc c’est assez réussi, malgré tout je pense que ça a plu surtout à des adultes qui devaient être un peu déçu justement par la pauvreté de certains films de grosses productions comme Disney qui ont un peu épuisés tout le répertoire des contes et qui, depuis le Roi Lion, ont du mal à faire des histoires originales. Ici, nous avons travaillé à partir d’une véritable investigation sur une époque, comme dans les films en prise de vue réelle.


Objectif Cinéma : Quelles ont été les références visuelles qui ont servies à construire l’univers du film ?

Jean Christophe Lie : Les références visuelles on les connaît, c’est la Vieille Dame et les pigeons, Sylvain Chomet était à la réalisation, Nicolas de Crecy aux décors donc il y a beaucoup de références au travail de De Crécy. Sylvain Chomet et Nicolas de Crecy ont fait pas mal de chemin ensemble avant d’arrêter leur collaboration. Ils ont commencé à Angoulême ensemble, ils faisaient partie d’une nouvelle école de BD qui évoquait des choses qu’on avait plus trop l’habitude de voir c’est à dire qu’ils puisaient des histoires à partir du réel, qui venait de leurs histoires personnelles donc ils se sont nourris l’un l’autre. A la fois, De Crecy avait un super scénariste et Sylvain un super créateur visuel. D’ailleurs on voit aussi les influences à travers le travail de Hubert Chevillard qui est un excellent dessinateur et dans sa dernière BD Le pont dans la vase qui est scénarisée par Sylvain Chomet, on retrouve un univers similaire. J’ai entendu beaucoup de choses, on parlait de plagiat sur le graphisme des Triplettes, c’est vrai que c’est une inspiration mais tout le monde s’inspire de tout le monde. Maintenant, il y a une nouvelle école de BD, des gens comme Blain, Sfar qui sont aussi très proches les uns des autres. Je pense qu’il faut mesurer tout ça, ils ont fait beaucoup de choses très intéressantes ensemble, maintenant De Cercy, c’est un artiste à part entière, un super décorateur et du travail que j’ai vu de Sylvain Chomet c’est un animateur hors pair, un metteur en scène et un grand scénariste.