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Tout fonctionne à peu près
tant que Frodon est le seul héros du film, mais dès
qu'il se retrouve au sein de la Communauté de l'Anneau,
les problèmes commencent. Comment donner un peu de
crédibilité à autant de personnages,
quand on a que le temps d'un film, et même si le film
est long ? Peter Jackson se refusant à les mettre
en scène et leur préférant la séduction
du monde spectaculaire dans lequel ils évoluent, les
personnages n'échappent pas à la caricature
(le traître), et l'aventure se déroule suivant
une simple équation : un personnage = un lieu
(fabuleux) + une action (héroïque). Ainsi le magicien
lutte-t-il avec son maître renégat, l'elfe visite-t-il
une forêt habitée par certains de ses compères
et le nain guide-t-il ses amis dans les mines dévastées
et hantées de ses semblables…
Filmer l'invisible ?
Règne du spectaculaire et soumission
des personnages à sa loi, Le Seigneur des Anneaux
n'échappe pas à l'alternative (soit montrer
soit raconter) devant laquelle butent la grande majorité
des films de sa catégorie. Le sujet même du Seigneur
des Anneaux offrait pourtant à Peter Jackson une
échappatoire : pour éviter l'écueil
du spectaculaire roi et de l'imagerie reine, la figuration
de l'invisible se présentait au metteur en scène
comme un paradoxe intéressant à exploiter.
L'anneau permet à celui qui l'utilise
de devenir invisible - et simultanément à celui
qui l'a créé, Sauron, de se fortifier. Frodon,
bien que mis en garde du danger, s'y essaie à plusieurs
reprises. L'image se retrouve alors plongée dans une
teinte grisâtre et les mouvements autour du personnage
ramenés à des effets de bougé ; heureusement
pour le spectateur, le hobbit a vite fait de retirer son anneau.
Echouant piteusement dans ces quelques séquences, Peter
Jackson se révèle plus intéres-sant lorsqu'il
étend le registre de l'invisible à celui de
l'inaudible. Ainsi, les compagnons de l'anneau, face
à une puissante magicienne elfe douée de télépathie,
entendent-ils respectivement une voix en leur for intérieur.
Toutes sont audibles par le spectateur-auditeur sauf une,
adressée au futur traître. L'idée est
passionnante mais son effet nul, puisque le spectateur sait
depuis bien longtemps que ce personnage est voué à
trahir et imagine sans peine que la magicienne lui fait secrètement
la morale. La troisième application de l'invisible,
sinon la plus intéressante du moins la plus symptomatique,
sur-vient alors que la communauté campe au sommet d'une
montagne. Un vol d'oiseaux espions se pro-file à l'horizon
et oblige les personnages à se cacher ; un plan
pris du ciel nous montre alors chacun des héros se
tapir derrière un rocher : ne reste plus à
l'image qu'un paysage superbe, et vidé de toute présence
humaine.
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En attendant la suite…
Blockbuster, objet de consommation, produit
marketing,… ou film de cinéma, Le Seigneur
des Anneaux est tout cela à la fois. À l'obligation
de faire des entrées, le film répond en s'efforçant
de ne pas laisser sortir le spectateur. Le dernier
tiers du film ne raconte plus rien que cela : un difficile
travail de deuil. Frodon doit abandonner ses compagnons pour
accomplir sa destinée, de même que le film doit
à regret abandonner ses spectateurs pour se clore.
S'il ne finit pas d'en finir, c'est que sa fin n'est qu'illusoire
et que, semble-t-il nous dire, rassurez-vous, l'aventure va
reprendre : il n'est qu'à attendre l'année
prochaine et Le Seigneur des Anneaux - épisode
2…
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Titre :
Le Seigneur des anneaux : La Communauté de
l'anneau
Titre anglais :
The Lord of the Rings: The Fellowship of the Ring
Réalisateur
: Peter Jackson
Scénaristes
: Peter Jackson, Frances Walsh, Philippa Boyens
D'après l'œuvre
de
: J.R.R. Tolkien
Acteurs
: Elijah Wood, Sean Astin, Ian McKellen, Viggo Mortensen,
Christopher Lee, Billy Boyd, Orlando Bloom, John
Rhys-Davies, Sean Bean, Ian Holm, Hugo Weaving,
Liv Tyler, Cate Blanchett, Andy Serkis, Sala Baker
Directeur de la photographie
: Andrew Lesnie
Monteurs
: D. Michael Horton, Jamie Selkirk, John Gilbert
Chef décorateur
: Grant Major
Compositeur
: Howard Shore
Production
: New Line Cinema, The Saul Zaentz Company, WingNut
Films
Producteur
: Bob Weinstein, Harvey Weinstein, Mark Ordesky,
Peter Jackson, Barrie M. Osborne, Tim Sanders
Distribution France
: Metropolitan FilmExport
Sortie
: le 19 décembre 2001
Durée
: 3h 01 mn
Pays
: Etats-Unis
Année
: 2001
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