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Et si on parlait d'amour... (c) D.R. ET SI ON PARLAIT D’AMOUR ?
de Daniel Karlin
Par Cécile GIRAUD


SYNOPSIS : Et si on parlait d'amour... dresse le portrait de personnes qui parlent librement de leur sexualité : Résidant à Poix de Picardie, un village dans la Somme, Bernard, un instituteur à la retraite, et sa femme Violette, une aide-soignante, forment un couple populaire dans la région qui n'hésite pas à pratiquer l'échangisme et à organiser des soirées réputées "chaudes". Cathy, une journaliste célibataire de Lyon, collectionne les relations amoureuses de courte durée tout en rêvant d'une vie de famille. Julien, commercial dans une start-up, et sa femme Sophie, mère au foyer, s'avouent mutuellement leur infidélité. Daniel et Karine sont pensionnaires dans un foyer de l'association des paralysés de France, ce qui ne les empêche pas d'avoir une vie sexuelle comparable à celle de couples normaux.

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ET VOUS, VOUS ÊTES AU COURANT ?


  Et si on parlait d'amour... (c) D.R.

Le documentaire de Daniel Karlin commence comme un reportage dans l’esprit de l’émission "Strip-Tease" : nous suivons les pérégrinations d’une famille dans une petite ville de province. Le mari se présente aux élections municipales et cantonales, la femme est aide-soignante… Mais le titre Et si on parlait d’amour ne pouvait pas être pris au premier degré, en tout cas, pas après les dix premières minutes du film. Après tout, demande Karlin, c’est quoi l’amour ? L’amour, il le prend par tous les bouts : l’amour, c’est bien sûr les sentiments, mais ne dit-on pas également " faire l’amour " ? Finalement, malgré ce que l’on peut dire, y a t-il une différence entre faire l’amour et baiser ? Karlin semble prendre la question à l’envers, et créer une progression à travers les quatre portraits qu’il dresse. L’amour, il n’en parle pas tout de suite, ou plutôt, il fait mine de ne pas en parler. Le sexe apparaît comme un cheveu sur la soupe, dans tout ce qu’il peut avoir d’étrange, d’ " anormal ". Aurions-nous pu imaginer que le couple quinquagénaire provincial qui nous est présenté est un adepte de l’échangisme et des parties à plusieurs (on ne compte plus les corps…). Loin d’être exposé comme une frivolité, une vue de l’esprit, un comportement marginal mais discret, une honte, la vie sexuelle de ce couple est montrée, certes, mais tente d’être expliquée, en tous cas d’être intégrée dans un quotidien, des vies, un entourage qui n’est pas sans ignorer les pratiques de leurs voisins, amis, fille ou grand-mère…

Ainsi commence une véritable enquête d’investigation, dans laquelle Karlin, sans jamais porter le moindre jugement, s’intègre en tant que détective, posant des questions parfois naïves, parfois simplement curieuses, dépassant souvent le cadre sexuel pour aller plus loin. Pour chacune des personnes présentées (car il ne s’agit définitivement pas de personnages : leur vie sexuelle n’est pas un roman, encore moins une fiction, malgré sa singularité), Karlin retrace une vie, un parcours, un historique qui nous permet de savoir (et de comprendre ?) quand et pourquoi ont pu intervenir ces changements sexuels. Les réponses sont aussi diverses qu’il y a des personnes interrogées. Mais toutes se recoupent sur un point essentiel que l’on ne soupçonnait pas : c’est une question d’amour. Le sexe, on en use par amour ou par manque d’amour. Toujours pour prouver quelque chose à l’autre, qu’on l’aime ou que l’on soit aimé. Ainsi, si Violette a adopté les pratiques sexuelles de son mari, c’est pour le garder, pas tout de suite par goût. Si Cathy est une adepte des partouzes, c’est dans l’acceptation d’un corps (par elle-même et par les autres) qui était autrefois rejeté. Au-delà de l’amour et du rapport à l’autre, du sentiment, Karlin nous fait ressentir ce rapport à soi que l’on ne peut ignorer, dans quelque rapport sexuel que ce soit, et dans la vie en général. Le corps semble s’offrir en sacrifice autant qu’il aspire celui de l’autre. Le don de soi apparaît complexe. Ainsi, les rapports extra-conjugaux peuvent dévoiler un réel don à l’autre, à son mari ou à sa femme, afin de contenter son désir.